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L'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot [1021-2021] - Ivetot à Yvetot

Patrimoine végétal de la ville d'Yvetot - Les deux buis de l'Hôpital local Asselin-Hédelin : Un sauvetage orchestré par Emile Canu

Patrimoine végétal de la ville d'Yvetot - Les deux buis de l'Hôpital local Asselin-Hédelin 

Un sauvetage orchestré par Emile Canu

Hommage  à Emile Canu qui a entrepris leur transplantation et leur sauvetage avec le concours de servives techniques de la ville

 

A l'occasion de mon projet d'écriture de l'histoire du patrimoine Végétal d'Yvetot en 2019, j'ai demandé  très tôt à Emile Canu s'il pouvait m'écrire un texte sur un sujet arboricole auquel il était attaché.

Sans hésitation il me dit réfléchir et rapidement il m'adresse ce récit sur le sauvetage des deux buis dont il s'est montré fier et ému à la fois.

 

Voici son texte :

"Deux buis centenaires… 

Deux buis centenaires ont veillé pendant des décennies sur l’entrée Nord de l’Hôpital Asselin-Hédelin. Leur âge est estimé à 200 ans.

On entrait, on sortait, on passait. On finissait par ne plus les remarquer. Pourtant, ils conservaient la mémoire des lieux.

L’Hospice Asselin avait été fondé en 1812, puis un nouvel hospice avait été implanté «  le log de la route royale qui mène du Havre à Paris », en 1841.

Le 28mai 1857, ils durent connaître la bénédiction de la Chapelle de l’Hospice. Et encore, l’histoire des pauvres, des malades, des œuvres de bienfaisance et enfin de l’hôpital, centre de soins, depuis le XXème siècle.

En 1895, l’Hospice possédait 4 vaches, 80 poules, des dindons et des canards. Un jardin potager y sera entretenu par les plus valides des pensionnaires pendant plus d’un siècle.

Pendant la guerre 1914-18, les blessés et les malades sortis de l’enfer des tranchées franchissaient les portes de l’Hospice d’Yvetot.

En 1940, les allemands s’installèrent…

Les deux buis furent les témoins de ce lointain passé.

Ils ont beaucoup pleuré auprès des malades de l’Hôpital, les mauvais jours de pluie, à l’unisson des sentiments. « Le pays de Caux, c’est de la mouillure et du velours » disait Jean Prévost.

 

Dans la mythologie grecque, le buis était symbole funéraire, et aussi symbole de l’immortalité.

Dans la religion catholique, les branches de buis sont bénies et placées dans les maisons pour protéger du mal.

Son bois, privilégié pour fabriquer des instruments à vent, sait prendre toutes les formes artistiques de l’art populaire.

 

Et puis en 2011, un important projet de pôle de santé de territoire projeta de sacrifier les deux buis centenaires.

Certains disaient : « ils sont vieux, il faut les détruire ! D’autres essences seraient mieux adaptées ».

Mais détruire, c’est tuer ; et c’est effacer le passé et anéantir le port particulier du couple centenaire.

Inconcevable ! Alors ils seront déplacés avec des trésors d’ingéniosité technique, inédits !

Une première transplantation a été menée au début des travaux de construction (en avril 2016), les buis ont été mis en jauge dans l’enceinte du stade Foch. Pour cela, une taille de réduction de volume et un traitement anti transpirant ont été réalisés.

Les mottes du levage ont été dégagées au moyen d’une mini-pelle, puis elles ont été grillagées afin d’être parfaitement maintenues lors du transport.

En prévision du levage pour le déplacement, elles ont été sanglées, compte tenu de leur poids (évalué à 6 tonnes) et du volume des mottes (diamètre de motte d’environ 3,00 m). Le déplacement vers le stade a été effectué avec l’aide d’une pelleteuse issue du chantier en passant par le RD 6015.

Leur transport a été effectué également par un camion grue d’une entreprise intervenant sur le chantier du parking.

Les arbres sont restés en jauge environ 18 mois. Pendant cette période, ils ont fait l’objet de soins particuliers : arrosages, traitement anti transpirant par rapport au stresse de la replantation.

A la fin des travaux en octobre 2017, les buis ont été replacés à leurs emplacements définitifs. Remarquables, ils jalonnent désormais l’accès principal au « campus sanitaire » de la ville d’Yvetot. Ils sont chargés d’histoire, celle d’un site qui a évolué au fil des ans, mais qui conserve sa vocation première.

 

Depuis, ils font l’objet d’une surveillance régulière. Leur arrosage nécessite 500 litres d’eau par arbre, environ une fois par mois. Des pièges à phéromones contre la pyrale du buis ont été installés dans les arbres. En effet, lors d’un contrôle sanitaire, il est apparu nécessaire d’appliquer un traitement biologique pour lutter contre ce parasite.

 

Aujourd’hui les arbres se portent bien. Néanmoins pour les fortifier encore, il est prévu dans les semaines qui viennent, de leur injecter un stimulant par voie racinaire.

Le patrimoine végétal est exigeant et fragile.

Protégeons-le chaque fois que possible. Protégeons les buis des effets des sècheresses à répétition.

Les espaces, les paysages, font partie de la richesse esthétique, naturelle et patrimoniale de notre ville."

 

Emile Canu, novembre 2019

 

Alors promenez-vous devant l'hôpital local d'Yvetot et admirez ces deux buis presque bicentenaires.

 

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