6 Juin 2022
Si, après l'origine d'Yvetot par l'if, la pomme et la poire étaient finalement l'A.D.N. du patrimoine végétal d'Yvetot !
Avant-propos
Difficile avec peu de certitudes de couvrir cette longue période du Moyen-Âge au temps du Duché de Normandie, du Royaume d'Angleterre puis du Royaume de France en ce début du 13e siècle. Peu documentée par le prisme du patrimoine végétal, c'est sans compter sur la ténacité qu'il faut au chercheur pour interpréter des faisceaux d'indices.
Afin de trouver un angle tangible et concordant, et après avoir repensé au texte d'Annie Ernaux qui en donnant un titre à son texte de la préface : "La Pépinière" et après avoir lu Hauchercorne et Boutteville, Le cidre : traité rédigé d'après les documents recueillis de 1864 à 1872... - 1875 et la thèse de Michel Traversat à propos des pépinières yvetotaises au 19e siècle, j'ai émis cette hypothèse :
Si, après l'origine d'Yvetot par l'if, la pomme et la poire étaient finalement l'A.D.N. du patrimoine végétal d'Yvetot !
"La pépinière" du père d'Annie Ernaux m'est apparue comme la clef de lecture pour comprendre l'origine de cette ancienne parcelle chargée d'histoire.
Ce lieu dit pépinière fut en effet jadis l'endroit de semis et de plantations d'exceptions au 19e siècle.
C'est Hauchecorne & Boutteville B. et M.Traversat qui m'apprennent que P.M. Legrand y cultivait ses pommiers, collections d'élites de ses variétés de pommes à cidre, célèbres dans le monde.
Chemin faisant j'ai remonté le temps m'appuyant sur des études sur le paysage du pays de Caux, sur les géographes, les historiens et diverses études pertinentes publiées sur le paysage cauchois.
Je peux ainsi dire et supposer aujourd'hui que le paysage cauchois que l'homme a façonné au fil des siècles en est la clef.
Le Département de la Seine-Maritime questionne « La petite cité cauchoise d’Yvetot, victime des destructions du second conflit mondial, a longtemps constitué au cœur du riche pays de Caux une entité bien spécifique que seule la fin de l’Ancien Régime viendra abolir ; en effet, bénéficiant du statut de principauté depuis des temps immémoriaux, elle a connu un passé haut en couleur souvent lié à la personnalité de ses souverains »
In : Fenêtre sur tour, lettre d’information de la direction des Archives départementales n°3, page 9
Alors si le paysage évolue à travers le temps cela tient en grande partie à l’homme, je voulais mentionner le propos de Martine Pastor à propos du paysage et de l’intervention de l’homme.
« Rien de moins naturel donc qu'un jardin, ou d'un paysage rural. Le paysan de jadis, qui a créé la belle campagne traditionnelle que nous apprécions maintenant avait les mêmes préoccupations économiques que les cultivateurs d’aujourd’hui, chefs d’entreprises agricoles. Pour permettre aux engins actuels de travailler la terre, ces entrepreneurs ont dû couper les haies, qui cumulaient les fonctions de brise-vent, d’habitat pour la faune, de pièges à rosée et à poussières, de drain pour les eaux pluviales, de fixation de la terre… Auparavant, les haies et le hêtre avaient eux-mêmes remplacé la diversité originelle de la forêt qui couvrait la "Gaule chevelue" dont parlait César... »[1]
[1] In : Patrimoine végétal, Etudes normandes, n°3/2008, Patrimoine et végétal, Martine Pastor, p.6. et dans les livres de Couasnon et de Beaucousin.
Le plan d'Yvetot, ci-dessus est un extrait de l'Atlas des routes de France - Atlas de Trudaine - Généralité de Rouen - de Yvetot à Alvimare, Trudaine, Charles Daniel, 1745 et 1780, Cote ENSA : CARTO : CD 37
Contexte général du paysage notamment de la place d'Yvetot au Moyen-Age, dans le pays de Caux
vu par l'institution du SM Pays Plateau de Caux Maritime
"LES ANCÊTRES DES CAUCHOIS
Sans remonter jusqu’aux Calètes et aux migrations celtes, l’agressivité des Vikings - en quête de pays neufs et de richesses nouvelles - a été un élément important de transformation du paysage. Les transformations du paysage sont d’abord défensives. Les matériaux utilisés sont ceux de l’architecture traditionnelle normande : le pisé, le torchis et le colombage. Il s’agit alors de se protéger de l’envahisseur, de résister, défendre ses terres et regrouper des populations éparpillées sur le Plateau pour être plus fort face à l’“Autre”. Mais aussi, attitude plus dynamique, comment contrôler les échanges et le commerce sur les “bordures” ?
DÉFENDRE ET ÉCHANGER
Défendre, dans un premier temps, des terres suffisamment riches pour être convoitées puis échanger des produits qui valent d’être partagés. C’est là que l’on trouve les premiers signes de la transformation du paysage du Pays Plateau de Caux Maritime. En venant de la mer, les hautes falaises de craie et les clos-masures symbolisent en quelque sorte cette volonté de défendre un territoire qui cache ses richesses Venant du continent, la terre grasse et la verdure révèlent la richesse d’une terre propice à la culture et à l’élevage. Une richesse qui aimerait bien se cacher.
LES DÉBUTS D’UNE ORGANISATION
Au Moyen-Âge, le territoire s’organise autour de noyaux urbains comme Yvetot, qui sont autant de lieux d’échanges commerciaux, aux accès pérennisés. Après les grands défrichements – XIe et XIIe siècles – qui augmentent la surface cultivable pour subvenir aux besoins d’une population croissante, les cultures s’organisent autour des abbayes – comme celle d’Ouville – et des châteaux seigneuriaux. Des terres sont également gagnées dans les vallées par l’assèchement des marais et par la création de digues. Une activité textile artisanale prend naissance et accompagne le développement des villes. C’est ce territoire que l’Eglise va – à l’instar d’une bonne partie de l’Europe – structurer et organiser administrativement.
ORDONNER ET RÉGULER
Elle va ainsi délimiter les espaces, organiser les dépendances et maîtriser une bonne part des richesses. Ses grandes abbayes sont les repères avancés d’un paysage qui devient progressivement “pensé” plus que subi. Mais les populations de cette époque auront malheureusement à subir des conditions climatiques extrêmes qui vont, à leur tour, influer sur le paysage. Tempêtes, grands froids et orages dévastent arbres et bâtiments. De même, indirectement, les guerres et les épidémies modifient le paysage qui présente alors l’aspect de landes, de terres en friche et de ruines. Le territoire, fait de petits domaines fermés sur eux-mêmes - héritiers des “villae” romaines -, de cour-masure et de petits manoirs, se protège autant du vent que de “l’étranger, du horsain”.
UN PAYSAGE QUI SE DESSINE
Dès la fin du XIIIe siècle, le “clos masure” ou “cour-masure” est une vaste étendue de prairie, entourée de talus plantés d’arbres. Elle regroupe les différents corps de ferme, bâtiments d’habitation et d’exploitation agricole ainsi qu’une mare et une cour plantée d’arbres fruitiers. Ces hautes futaies assurent deux fonctions : celle de brise-vent dans un pays de bord de mer aux vents dominants d’ouest et de nord-ouest et celle de ressource en bois. Les seigneurs reconstruiront progressivement leurs manoirs dans le style de la Renaissance en utilisant les matériaux locaux : calcaire, silex, briques et tuiles plates. Edifié en un lieu isolé, entouré de murs ou d’arbres, le manoir est une autre particularité architecturale du Pays de Caux. A mi-chemin entre la masure et le château, il est composé d’un grand volume prolongé parfois d’ailes symétriques. Les bâtiments annexes, qui lui sont accolés, délimitent une cour assez fermée autour d’une mare. Les manoirs possèdent, pour la plupart, un colombier majoritairement circulaire et bâti en briques et/ou pierre, avec parfois du silex"
In : https://www.plateaudecauxmaritime.fr/IMG/pdf/CAUX_16pages.pdf
De même dans l'ouvrage "clos-masures et paysages cauchois", Laurent Ridel, lui, fait remarquer l’ancienneté de l’identité cauchoise, « Dès le règne de Henri II Plantagenêt (1154-1189), des chartes situent des paroisses « in Caleto ». Dans son roman de Rou écrit vers 1180, l’Anglo-normand Wace évoque le « Cauz » (ou « Chauz ») ainsi que les cauchois. A la même époque, quelle autre région normande peut se prévaloir d’un substantif particulier pour qualifier ses habitants ? Toutes ces mentions prouvent qu’à partir de la seconde moitié du XIIe siècle le Pays de Caux possède une identité propre donc des caractères qui les singularisent de ses voisins. Et l’un de ses caractères distinctifs était déjà son paysage ? »[1]
[« Les exploitations du Pays de Caux sont connues aujourd’hui sous le nom de « cour-masures » ou clos-masures », termes sans doute empruntés aux géographes que les habitants n’emploient pas pour eux-mêmes. En revanche, les termes de « masure » et de « cour » appartiennent bien au vocabulaire local. »
Concernant l’acception de la masure : « Les baux de fermage spécifient pratiquement toujours s’il s’agit d’une masure « édifiée d’une maison » et/ou « édifiée de bâtiments agricoles ». De même, « l’herbage clos planté de pommiers ou de fruitiers entourant les bâtiments de la ferme » correspond très exactement à ce que les cauchois appellent encore aujourd’hui une cour.
La coutume réformée, article 271, entend par ce mot ce que la Coutume ancienne appelait ménages ; c’est-à-dire ce qui comprend les bâtiments, le clos, la cour et le jardin, et qui, suivant l’article 356, forme le préciput roturier : Arrêt du 4 juin 1704. Cette acception fait de la cour un des éléments constitutifs de la masure. La cour est donc l’espace clos qui entoure la maison d’habitation, et où les divers bâtiments de la ferme (écurie, étable, bergerie, charretterie, four) sont répartis.] [2]
Origines du fossé ! : Une origine viking ?[3]
« La composante viking, ou plus exactement danoise, dans l’origine du clos-masure semble pouvoir être retenue, comme hypothèse qu’il conviendra sans doute d’étayer par de nouvelles recherches.[4]
A ces considérations historiques, il faut disent les auteurs évoquer des critères écologiques et topographiques :
Les diverses périodes de déboisements de la période antique et de celle de l époque médiévale ont provoqué une ouverture du paysage créant un déséquilibre entre espaces boisés et espaces ouverts. L’argument agronomique du cycle des cultures ne semble pas pouvoir être retenu dans la formation des clos-masures. Le auteurs sou tendent qu’on peut affirmer aujourd’hui qu’une association entre une origine historique et un phénomène de parfaite adaptation au milieu est probables. […] La conjugaison de ces différents phénomènes - exposés dans ce chapitre[5] -nous conduit à proposer une origine du clos-masure multiple : gauloise par son aspect technique et son adaptation au milieu, du haut Moyen Âge (nordique et franque) par les aspects juridiques et de transmission foncière, médiévale par son organisation et sa gestion, et peut-être seulement moderne pour sa végétation de haute futaie. »
[1] Mensire, Raymond, Le Pays de Caux, son origine, ses limites, son histoire, Les Editions du Bastion, 1984, 53p. ; in : clos-masures et paysage cauchois, C.A.U.E. 76, Editions point de vues, 2008, p. 29.
[2] Didier Bouillon, Ethnologue, La commune d’Ermenouville en pays de Caux : les masures vues par les baux de fermage, dans : J.R. Trochet (sous le dir.de), Maisons paysannes en Europe occidentale XVIe – XXIe siècles, Paris, PUPS, 2008, pp.273-285. In : clos-masures et paysage cauchois, C.A.U.E. 76, Editions point de vues, 2008, p. 45.
[3] In : clos-masures et paysage cauchois, C.A.U.E. 76, Editions point de vues, 2008, p. 170.
[4] Si cet héritage est visible dans la morphologie du paysage, comme le montre la comparaison avec les campagnes danoises ou frisonnes actuelles, c’est plus vraisemblablement dans les contraintes juridiques et foncières qu’il faudra chercher cette transmission.
[5] Chapitre sur les différentes hypothèses sur l’origine des clos-masures - in : clos-masures et paysage cauchois, C.A.U.E. 76, Editions point de vues, 2008, p. 168-171.
Pour mieux comprendre et prolonger ce que décrit l'étude du C.A.U.E. - "clos-masures et paysages cauchois" et ce que la masure close sous entend, l’étude d’André Vigarié s'avère très intéressante vis-à-vis du rapport qu’il a pu établir entre l’influence possible des invasions vikings se sédentarisant sur les hauts plateaux du pays de Caux, battus par les vents dominants d’ouest.
« André Vigarié[1] dans ses études sur la masure cauchoise [1]. On sait qu'elle représente le plus beau type de maison à cour ouverte, c'est à dire constituée de bâtiments dispersés au sein d'une pâture complantée de pommiers et close d'un fossé doublé d'un talus planté de hêtres.[...] un tel habitat fait étroitement corps avec le milieu nature. Tous les matériaux se trouvent sur place. Le bois des colombages vient des taillis voisins, le chaume des récoltes céréalières (blé surtout) du plateau cauchois, le limon argileux du torchis ou des briques de la cheminée recouvre l'ensemble du plateau et, lorsqu'il est absent, il laisse apparaître l'argile à silex sous-jacente ; la craie du solin est également omniprésente au flanc des vallées. Tous ces matériaux sont remarquablement isothermes et imperméables à la pluie lorsque les techniques traditionnelles sont fidèlement respectées : élimination de la mousse, entretien sur le faîtage d'une bande d'iris. La structure dissociée la rend bien adaptée à l'économie rurale variée Pays de Caux : céréaliculture, élevage bovin et porcin, pommiers à cidre. » […] « Enfin, et ce n’est pas là le trait le moins passionnant du cas cauchois, le faitage d’iris est très spécifique de la région. […] la tradition affirme que l’iris était la fleur sacrée des Calètes – peuple gaulois du Pays de Caux – associée aux divinités agraires. »
[1] In : André Vigarié : « Recherche d’une explication de la maison cauchoise. » Norois, 1969, 63 et 63 bis, pp.491-501. « Les énigmes de la maison cauchoise. » Annales de Normandie, XXI, 2, juin 1971, pp.137-151. In : Jean-Robert Pitte, Histoire du paysage français, Le sacré : De la Préhistoire au 15ème siècle, chapitre : Le paysage bâti des campagnes médiévales, Editions Tallandier, Paris, 1983, 142-143
Nous verrons dans ce chapitre comment chaque prince apporta sa pierre à l’édifice jusqu’au dernier dont sa passion démesurée le conduira à la ruine au moment de la Révolution Française.
Nous verrons comment le paysage s'est structuré autour des limites de sa principauté et comment au fil du temps s'est construit un paysage fait d'assemblages de "cour-masure" et de vergers autrement dits -closages- qui ont fait d'Yvetot un haut lieu des fruits de pressoir et des eaux de vie depuis le retour des "croisés" traduits par l'apparition du manoir du Verger vers la fin du 14e siècle.
Commençons tout d'abord par nous repérer dans le territoire des sires d'Yvetot au début du 2eme millénaire afin de mieux comprendre les lieux cités dans le terrier de 1556 transcris par Beaucousin à la fin du 19e siècle
L.A. Beaucousin livre de premiers indices sur des endroits qui existent encore aujourd'hui comme ceux-ci :
Carclif : Le Carquelay[1] : Carclif, 1051 (Adigard des Gautries 1956, 235) ; Kaclif, 1198 (Stapleton 447) ; Carclif, début xiiie siècle (Arch. S.-M. 16 cart. f. 182) : W. de Caleclif, 1224 ; G. de Caleclif, 1224 (Arch. S.-M. 18 H) ; G. de Kareclif, 1226 (Arch. S.-M. G 4091) […] In : https://dicotopo.cths.fr/places/P70144486
Un premier lieu apparait grâce à la recherche de L.A.Beaucousin : le territoire de Carclif - dont le nom figure sur le terrier de la Seigneurie de Baons-le-Comte en 1780.
Ce nom jadis situé sur la paroisse de Sainte Marie des Champs s’est transformé en Carqueley (Carquelay) mais aujourd’hui depuis le redécoupage des communes après la révolution il se situerait à l’endroit des fonds de Mézerville limitrophe entre Sainte Marie des Champs, Saint-Clair-sur-les-Monts et la rocade sud d’Yvetot.
Mesniltate : W. de Mesnil Tate. (concerne peut-être le Mesnil Tade, 1224 (Arch. S.-M. 18 H): In : https://dicotopo.cths.fr/places/P37997029
Un deuxième lieu apparait : Beaucousin situe Mesniltate sur la voie romaine de Caudebec-en-Caux à Arques :
« Il existe une charte de Guillaume-le-Conquérant, datée de 1051, par laquelle il approuve certaines donations faites à l’abbaye de Saint-Wandrille par trois chevaliers normands[1]. L’un d’eux, Toustain, fils d’Helvise, cède au monastère : « auprès d’Yvetot, un manoir avec le territoire de Carclif et la terre de Corbérie […] Des localités que cite la charte dont il s’agit, une seule est connue ; c’est le fief de Carclif, aujourd’hui Carqueley, sur la paroisse de Sainte-Marie-des-Champs ; et l’on verra plus tard que, lors d’un procès survenu en 1298 entre l’abbaye de Saint-Wandrille et les seigneurs du Mesniltate à l’occasion de ce même fief, Jehan d’Yvetot reconnut le tenir des moines de Saint-Wandrille.[…] Deux ans après avoir octroyé cette charte, le duc Guillaume traversa le territoire d’Yvetot. On voit dans la partie sud d’Yvetot les reste d’un vieux chemin, dont quelques tronçons se rencontrent également sur le territoire de Sainte-Marie, des Baons, d’Ectot et de Grémonville. Il porte encore le nom de chemin d’Arques. Il est naturel de penser que c’est la route que suivit Guillaume, laquelle partant de Caudebec allait aboutir à Arques. A l’appui de cette supposition, on rappellera la découverte de monnaies et de vases funéraires, faite au hameau du Mesniltate, sur le bord de cette voie antique, dont l’établissement daterait de l’occupation romaine. »
A cette époque poursuit Beaucousin, le Sire d’Yvetot traversa la Manche à la suite du conquérant, qu’un Sieur d’Yvetot a pris part à la bataille d’Hastings. Sa présence signalée par des historiens précisent qu’aucun domaine lui revint en Angleterre et qu’il revint avec un peu plus de gloire mais sans accroitre profit ou puissance. Beaucousin atteste que ceux qui suivirent Guillaume le firent de leur plein gré.
[1] L.A. Beaucousin, in : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p 9-10-11. Biblioth.nat. Nouvelles acquisitions, Fonds latin
Taillanville : Taillanville (1362-1365) ; Id (7-4-1439) ; Noble et franche vavassorie (1566) ; Taillenville (1715) ; Taillenville (1953) In : https://dicotopo.cths.fr/search
Un troisième lieu semble emblématique : Jehan, sire d’Yvetot, « premier connu de sa race »[2] accompagné de son parent, Richard d’Yvetot de Taillanville[3], a participé avec aux côtés du duc de Normandie ayant pris part aux croisades jusqu’à Jérusalem. On ne sait d’ailleurs si Jehan en revint. Ce manoir qui jadis était bâti sur un fief a été reconstruit sur celui d’origine. Il a appartenu à Richard d’Yvetot qui pris part à la croisade en 1096.
D’après Beaucousin[4] les seigneurs du village du nom d’Yvetot en Cotentin prétendaient descendre de la famille d’Yvetot, affichant les mêmes armes.
Ci-dessous : 122Fi859 - Saint-Clair-sur-les-Monts, 722. Manoir de Taillanville -ADSM 76
masure cauchoise de Taillanville – Saint Clair-sur-les Monts - in : https://remonterletemps.ign.fr/
Extrait de la mission C1710-0071_1947_F1710-1910_0178, cliché argentique n°178, Échelle : 1/25835,
date de la prise de vue 29/07/1947
Le manoir se situe en haut de l’image derrière la tache claire (cour)
M. De Ganville dans ses promenades archéologiques en 1852 nous dit que l’aspect originel du manoir n’existe plus.
Seul des éléments enchâssés lui a redonné une allure du 12e siècle.[5]
[2] L.A. Beaucousin, in : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, L.A.Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, P.16.
[3]En 1938 devant un public très nombreux, des reconstitutions historiques se sont déroulées sur les terres du domaine de Taillanville à Saint-Clair-sur-les Monts, domaine aujourd’hui dissimulé dans une dense végétation : l’entrée d’Henri figuraient au programme. In : photographies illustrant l’ouvrage de G.David-Marescot, De César à Henri IV au pays des Calètes (Pays de Caux, 1955. Et d’après les informations indiquées sur le site de la commune de Saint-Clair-sur-les Monts.
[4]in : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, L.A.Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.76.
[5]D’après l’ouvrage de G.David-Marescot, De César à Henri IV au pays des Calètes (Pays de Caux), 1955.
L’an 1203 fait date dans l’histoire d’Yvetot placé sous la protection d’un seigneur. Ce fut Richard 1er qui fut le premier « Roy d’Yvetot ».
Quelques principaux points de repère sur cette longue période, peu documentée, évoquant l'évolution du paysage et patrimoine végétal, et sur les contours des organisations et de la vie des rois (sires) successifs.
Afin de mieux décrire le contexte de ces trois siècles, plusieurs rois d’Yvetot se sont succédé durant cette longue période qui nous livrera assez peu d’éléments et de descriptions sur la nature et l’organisation et la gestion de ces terres : le bourg, ses paroisses, ses fiefs. La période permet d’identifier de nouveau domaines décrits par Beaucousin.[1]
Yvetot reste une enclave dans le Royaume de France à la reddition du Duché de Normandie, ce fut l’époque où le seigneur d’Yvetot « ayant obtenu d’être déchargé des devoirs auxquels il était tenu d’abord, se trouva dès lors libre et indépendant, ne relevant que de Dieu et de lui-même. […] nous nous bornerons ici à constater que le fait existait aux premières années du XIIIe siècle. Que s’il en fallait une nouvelle preuve, on la trouverait dans le dénombrement que Philippe-Auguste fit, en 1205, de tous les fiefs de Normandie. La terre d’Yvetot ne figure nulle part dans ces rôles […][2] »
De 1203 à 1494
« Rarement une région peut se vanter d’un passé si fastueux qu’Yvetot, même si aujourd’hui les traces sont détruites. Du moins a-t-on la certitude vers 1025 de l’existence d’un bourg sur ce plateau aride dès lors.[...]
Dans les premiers documents relatifs à la commune, on remarque cependant qu’Yvetot au début du XIe siècle, était un franc fief. A ce titre il était permis au seigneur de porter le titre de roi : c’est ce que fit Richard 1er en 1203 au moment où la Normandie devenait française. »
In : Archives municipales d’Yvetot, Vivre à Yvetot et dans le canton, guide 1994, p.62,-64.
Les Rois et les Princes d’Yvetot avant l’avènement de Martin 1er du Bellay (1532-1559)
Le royaume
1203 Richard 1er
1221-1298 Gautier II puis Richard II
1298- 1313 Jehan II
1313-1340 Jehan III
1340-1381 Jehan IV fils de Jehan III
1381- 1401 Martin d’Yvetot, fin du règne de la Maison d’Yvetot
1401-1411 Pierre I
1411-1419 Pierre II de Vilaine
Occupation de la Normandie par les Anglais
1419- 1449 Gestion par John ou Jehan Holland
1449- 1459 Héritiers de Jehan Boudard de la famille des de Vilaine
Famille Chenu
1459- 1465 Guillaume Chenu
1465-1471 de Jacques Chenu, son fils
1471-1494 Jehan Baucher
Ces fragments de la pierre tombale de Jehan IV, roi d'Yvetot, découverts en 1853 ne sont plus exposés au pied du campanile de l'église Saint-Pierre d'Yvetot.
Ces fragments sont une des plus vieilles archives minérales d'Yvetot datant de 1381.
Crédit photo Serge Couasnon, in : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005
Si Beaucousin est l’un de ceux qui donnent le plus d’informations sur cette principauté, Serge Couasnon apporte beaucoup d’éléments nouveaux et complémentaires. à propos du territoire des rois et princes d'Yvetot
« De façon constante sur celui des paroisses d’Yvetot, Sainte-Marie-des-Champs et la majeure partie de celle de Saint-Clair-sur-les Monts, soit environ 1500 ha. Mais les souverains ont aussi possédé des terres aux Baons-le-Comte, […] sur Ecalles-Alix et Croixmare (Beauvoir) […][3]
Carclif et Mesniltate se situaient dans la paroisse de Sainte Marie des Champs, Taillanville à Saint Clair-sur-les Monts
Certaines sources citent l’existence d’une église au XIIIème siècle[4] ce qui est confirmé par Couasnonévoquant Jehan IV, premier roi d’Yvetot, et son fils Martin à sa succession :
« Lorsqu’il entreprend de reconstruire l’église d’Yvetot, Charles V est en voyage en Normandie. Le cortège royal arrive de Rouen par le village d’Ecalles et l’actuelle rue de l’étang. Selon les témoignages recueillis, en 1642, lors d’une enquête sur laquelle nous arrivé aux limites du territoire yvetotais, près du vieux moulin, Charles V se serait retourné vers sa suite pour s’adresser ainsi à ses archers : « Mectez vos verges à bas, car il n’y a plus cy roi de France ». on peut y voir – comme plus tard chez Henry IV au même lieu – de l’ironie.»[5]
In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.44.
« Lorsqu’il entreprend de reconstruire l’église d’Yvetot, Charles V[5] est en voyage en Normandie. Le cortège royal arrive de Rouen par le village d’Ecalles et l’actuelle rue de l’étang. […] »[6]
Au 14e siècle, en 1350 précisément l’archevêque de Rouen ordonna une enquête à l’occasion de la fondation de la collégiale d’Yvetot[7] ce que rapporte Beaucousin.[8]
A ce stade de son récit il affirme qu’aucune preuve ne peut affirmer qu’un titre de roi aux seigneurs d’Yvetot leur soit accordé avant 1380.
Couasnon rapporte à ce propos :
« un jean d’Yvetot se disait « sire d’Yvetot par la grâce de Dieu » et a été dit « roi » dans un arrêt de l’échiquier de Rouen de 1392, son fils Martin vendit ses terres à Pierre de Vilaines, comte de Ribedieu, chambellan du roi ; confisqué par Henri V d’Angleterre en faveur de John Holland, maire de Bordeaux […] »[9]
Il faut attendre 1401 pour qu'une première description notariale décrive la nature des biens et des possessions agricoles et bâties du domaine d'Yvetot.
En 1401, Martin sans héritier vend son domaine, décrit dans un acte notarié, devant des notaires du Châtelet de Paris à Monseigneur Pierre de Villaines dict le Bègue. Le contrat énonce les biens cédés - terres, possessions, noblesses et seigneuries, à savoir[10]. :
« l’hostel, motte, jardinage dud.lieu d’Yvetot avec les patronnaiges des églises dud.lieu d’Yvetot, de l’Eglise de Saincte-Marie des Champs, de l’église de Saint-Cler et qautre channoneries et deux clercs en l’église collégialre dud.lieu d’Yvetot, toute justice haulte, moyenne et basse, haults jours, foires et marchés, fiefs, arrière-fiefs, réséantises, cens, rentes, revenus en grains et deniers, en œufs, en oizeaulx, reliefs, treizièmes, coupage de boys, corvées d’hommes et de chevaux, confiscation, terres arables et non arables, prés, droict féodal de faire monnaye. »
Au 15e siècle le pays de Caux et la principauté connu des désastres sous l’occupation anglaise dont la période où Henri V d’Angleterre débarqua le 14 août 1415 à Harfleur pour traverser et piller la campagne cauchoise en épargnant la principauté dans la quelle se refugièrent les paroissiens de Baons-le-Comte se confinant ainsi trois mois dans la principauté. Mais plus tard Pierre de Villaine ne s’étant pas soumis au roi d’Angleterre se fit confisquer des biens et terres pour les confier dont la principauté à John Holland durant dix-huit ans.
En 1428[11] on peut acter l’existence du Verger au moins en 1428, domaine que possédait Guillaume de Houdetot, escuyer, bâtard, Seigneur du Verger, fief situé sur la paroisse de Saint-Clair, au bord du vallon qui sépare cette paroisse du bois de la Salle, à Touffreville. L’histoire du Verger a été écrite par G. David-Marescot, propriétaire de lieu, dans son opus De César à Henri IV au Pays des Calètes (Pays de Caux) qu’il publia en 1955.
A l'endroit de l'ancien fief du Verger (Vergié) au dessous de la dite ferme de la Rétimare, à côté de la Mi-Voie et limitrophe à Saint-Clair sur les Monts.
Le verger - IGN remonter le temps, carte d'Etat-Major du 19e siècle.
Ci-dessous Le Verger 1947 - IGN remonter le temps
L'ensemble de masures cauchoises du Verger (Seigneur d'Houdetot) dont l'origine se situe au moins au 14e siècle d'après L.A.Beaucousin
Avant que Jeanne d’Arc, l’héroïque guerrière atteigne le milieu du siècle, la campagne avait souffert et la majorité des terres furent en friche. Libéré de la domination anglaise le Royaume, la Normandie et la Principauté retrouvèrent leurs biens ôtés par le roi d’Angleterre. Le Royaume d'Yvetot fut préservé durant cette période - Gestion par John ou Jehan Holland entre 1419- 1449. L.A. Beaucousin nous signale que le Royaume d'Yvetot fut une enclave qui accueillit les villageois de Veauville-les-Baons venant s'y réfugier.
De l’importance d’un petit royaume à cette époque, son rôle, son influence …
Avant que Robert Tougard s’intéresse au paradis fiscal que fut la principauté d’Yvetot, L. Auguste Beaucousin[12], donne des clefs de compréhension qu’il est opportun d’évoquer ici-même.
Loin d’être un royaume qui nécessiterait d’être défendu contre des ennemis redoutables, dit-il, ce petit royaume si convoité fusse-t-il, n’eut armée ni forte administration. Ce petit territoire formé de trois paroisses fut considéré comme indépendant à l’image de ce fut toujours la principauté de Monaco fin du 19e siècle, souligne Beaucousin. Les rois et princes n’y faisaient leur résidence principale. Durant le règne de Pierre de Villaine, le château n’était pas en très bon état, abandonné à cette période. Ce qui semble avéré fut l’intérêt qu’eurent les yvetotais à être dispensés de payer de multiples impôts et d’être affranchi de contribuer aux charges de la province voisine et du royaume de France ce que leur garantissait, envers et contre tout, la principauté permettant à leurs sujets de conserver leurs libertés sans cesse contredites et rétablies au fil des successions. Au grand dam du Bailli de Caux - Caudebec-en-Caux.
La principauté avait les prérogatives d’exercer le droit de haute, moyenne et basse justice. Pierre de Villaine fit remettre entièrement une peine à un dénommé Jehan de Tourville emprisonné dans les prisons d’Yvetot. L.A.Beaucousin ajoute que les sires d’Yvetot pouvaient battre monnaie et dégagés du service militaire envers le roi de France.
Concernant les franchises, le commerce établi en principauté ne rapportait aucun denier au roi de France ce qui avait pour conséquence de faire rayonner marchés et foires lesquelles attiraient de Rouen et d’ailleurs marchands venus d’Espagne débarquant à Harfleur. Yvetot produisant des draps fins, les marchands venaient les échanger contre des harengs, toiles et cire de ceux venant des pays maritimes. Ces marchandises transitaient par la principauté d’où leur écoulement était rendu facile et bénéficiant au profit du vendeur.
En cette fin de siècle 1494 est une année de transition puisqu’à Jehan Baucher (1471-1494) lui succède Jacques Chenu - lignée de la famille Chenu. (1494-1498).
Dans les enjeux de succession, après le décès de Guillaume Chenu, son époux, en attendant la majorité de son fils ainé Jacques, Clémence de Dresnay épousa Jehan Baucher. Par ce mariage avec la veuve Chenu, il devient roi d’Yvetot. N’ayant que peu de revenu, il chercha à s’accaparer la principauté à son profit. Délaissant Clémence pour des campagnes militaires car sa passion pour la vie des camps remplissait ses désirs.
Son règne s’acheva par un désaccord avec son épouse ayant l’un pour l’autre des sujets de mésentente et de discorde.
Clémence de Dresnay défendit ses intérêts et ceux de ses enfants, c’est ainsi qu’à son décès en cette fin d’année 1494, Jacques son fils ainé s’employa à devenir propriétaire incontesté de la Seigneurie officiellement le 7 janvier 1495 malheureusement son règne ne fut que de courte durée puisqu’il mourut vers le milieu de l’année 1498.
Cette par cette fin d’année que s’achève ce chapitre que j’ai voulu annoncer à la fois la période de transition avant l’évènement de Martin 1er Du Bellay et surtout vis à vis du document daté de 1494 consigné par L.A. Beaucousin dans le plan terrier de 1566.
Ce plan terrier que conserve les archives départementales ne possède que le cahier de transcription faite de la main de L.A. Beaucousin décrivant l’ensemble paysager du fief du manoir du Mont-Asselin, véritable patrimoine végétal, ce que le Plan Trudaine dépeindra plus tard dans son intégralité en 1764. - Il n’est pas plus beau document décrit ce qu’était un domaine à cette époque illustré à l'aquarelle avec esthétisme et précision : l'Atlas Trudaine. Ce domaine fera l’objet d’un chapitre entièrement dédié au domaine du Mont-Asselin consacré à l'interprétation de son paysage.
[1] L.A. Beaucousin, in : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.9
[2] L.A. Beaucousin, in : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.23.
[3] In : Couasnon, p. 32
[4] In : TRISTAN LE VOYAGEUR, ou LA FRANCE AU XIVe SIÈCLE. PAR M. DE MARCHANGY. TOME PREMIER. A PARIS, CHEZ F. M. MAURICE, LIBRAIRE, Rue des Mathurins-S.-Jacques, n° i URBAIN CANEL, LIBRAIRE, Place S.-Ai)dré-des-Arts, n° 3o. M BCCC XXV.
[5]In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.44.
[6]Roi de France de 1364 à 1380In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.44.
[7] Couasnon précise que la charte de fondation date du 12 janvier 1351. In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.37.
[8] In : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.60.
[9] In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.41-42.
[10] In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.48.
[11] In : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.85.
[12] In : Histoire de la principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, p.61-68.
En guise de conclusion de ce chapitre il semble que pour comprendre l'évolution du paysage cauchois dont celui d'Yvetot en son cœur et du fait qu'à cette longue période soit si peu documenté d'une part la construction de la cour-masure inscrite dans le paysage cauchois et l'émerge des vergers en leur sein, il est envisageable qu'en la principauté d'Yvetot, l'assemblage des cours-masures et des vergers -vergié - ont créés un singularité dans ce pays de Caux définissant le rôle qu'a joué le verger dans l'usage des fruits de pressoir - cidre, poiré et eau de vie.
Ces évolutions paysagères ont influencé durablement le paysage de la principauté comme le soulignent ces différents repères :
La pomme, la poire, les vergers à Yvetot
L’activité du cidre, des produits de la ferme et du verger à Yvetot
Au 11e siècle
Le terme pomme apparaît dans la langue française dans la chanson de Roland au XIe siècle et les croisés vont ramener le savoir-faire de la greffe en Normandie.
Jean 1er d’Houdetot et Colard, son frère, de 1096 partent avec Robert, duc de Normandie en Terre-Sainte du temps des Croisades. Ils reviennent en 1099. G.David-Marescot estime à ce titre que c’est à partir de cette époque que les premiers vergers sont créés en pays de Caux.
« Quant à la cueillette des fruits sauvages, elle aurait été pratiquée, selon d'autres auteurs, jusqu'au XIe siècle, dans les bois où les pommiers poussaient en abondance à l'état naturel. L.Deslile rapporte qu'en 1183, Robert, comte de Meulan, autorisa les moines de Jumièges, dans la vallée de la Seine, à cueillir des pommes dans la forêt de Brotonne pour leur boisson et celle de leur domestique. »
Aux XVe et XVIe siècles, au moment de la fin du Royaume et de l'avènement de la Principauté d'Yvetot, sous Martin 1er du Bellay
Au 15e siècle[1]
« Dès le Moyen âge, la Normandie devient le principal verger de France et contribue au développement du cidre au détriment de la cervoise(bière). Ce sont notamment les religieux, qui au sein des abbayes normandes, préservent les espèces héritées de l’Antiquité (d’où le nom de la variété Bénédictin surnommée aussi Reinette Normande). Il faudra attendre le XVe siècle pour connaître un réel développement du pommier à cidre dans le pays de Caux.
La boisson (cidre léger obtenu au deuxième pressage après détrempe du marc) était devenue un substrat de l’eau de mare souvent impropre à la consommation. »
G. David-Marescot[2] reprenant des informations dans Liste des fiefs de Beaucousin mentionne que le fief du Verger était déjà situé - le 3 février 1428 - sur la paroisse de Saint-Clair-sur-les-Monts. (Aujourd’hui, une des masures – clos-masure – de l’ancien fief du Verger se trouve désormais sur la commune d’Yvetot, à côté du C.D.I.S qu’on peut observer de la rocade, sur sa droite juste avant le rond-point du C.D.I.S. venant d’-Auzebosc.
Des pommiers subsistent dans l'ancienne cour plantée de la ferme du manoir du Verger, située aujourd'hui sur la commune d'Yvetot, limitrophe à la commune de Saint-Clair-sur-les-Monts
"Bien avant cette date de 1503, les sires de Houdetot possédaient ce fief du Verger situé sur la paroisse de Saint-Clair, au bord du vallon qui sépare cette paroisse du bois de la Salle, à Touffreville" [1].
[1] Beaucousin. Liste des Fiefs - in : G.David-Marescot, De César à Henri IV au pays des Calètes (Pays de Caux), brochure, Décembre 1955.
« Le verger[3] de poiriers et de pommiers est un trait nouveau des paysages de l’ouest au XVe siècle. Il s’étend au cours du XVIe et s’organise par rapport aux habitations et aux bâtiments d’exploitations.»
Il faut attendre le 15e siècle pour connaître un réel développement du pommier à cidre dans le pays de Caux. En 1484 un député de Haute-Normandie J Masselin dut défendre cette contrée contre ses collègues de Caen et du Cotentin pour pouvoir acquérir des plants. [4]
[1] In : Patrick Lebourgeois, Le pays de Caux, vie et patrimoine, 3e édition augmentée, le cidre, Editions des falaises, Rouen, 2015, p.44.
[2] G.David-Marescot, De César à Henri IV au pays des Calètes (Pays de Caux), brochure, Décembre 1955, p.86.
Remerciements spéciaux à Virginie Maury-Deleu du CAUE 76, à Guillaume Mathon du SM Pays Plateau de Caux Maritime pour leurs aimables autorisations ainsi que Didier Le Scour et Odile Pénelle (dessin de l'affiche cours-masures du pays de Caux en 1979.
Remerciements à tous les détenteurs des archives citées.