27 Août 2024
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09 - PART I - CHAPITRE III - 3eme PARTIE - L'HISTOIRE DU PATRIMOINE VÉGÉTAL D'YVETOT [1021-2021] DE 1021 à La Révolution Française - Expansion de son territoire, enclavé dans le Royaume de France - de 1021-1025 à 1494 inclus : L'avènement du verger et de la masure cauchoise et des manoirs : exemple du Manoir d'Asselin - Paroisse de Sainte Marie des Champs - Mont Asselin
1494, fief du Mont-Asselin
Paroisses de Sainte-Marie-des-Champs et d’Yvetot du royaume d’Yvetot
L’histoire de cette récente commune de Sainte Marie des Champs a longtemps été associée à Yvetot.
La paroisse de Sainte Marie des Champs fut longtemps rattachée à la principauté d’Yvetot. Devenue commune à la disparition de la principauté en 1790 ses contours ont varié selon les époques jusqu’au découpage le plus récent, se délestant d’une partie du Fay (1811) et de Loumare (1829) au profit de ses communes voisines (Yvetot et Ecalles-Alix).
fig .1[1]
Chemin faisant Sainte-Marie-des Champs a connu plusieurs visages au cours des siècles traversés tout d’abord par une voie romaine[2] dans l’axe nord-sud Arques-la-Bataille - Bellême passant par Blacqueville, Mesniltate, Yvetot, Pont-Audemer, Lisieux ; par le tracé de la voie royale[3] au milieu du 18e siècle traversant la Brême ; par le tracé de la voie ferrée au 19e siècle traversant la Brême et Mesnisltate et enfin par le tracé limitrophe de la rocade sud d’Yvetot en limite d’Ecalles-Alix et d’Yvetot au 20e siècle.
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
[1] (Fig.1 : In : commune de Cailly : https://www.commune-cailly.fr/fr/historique/196-cailly-un-carrefour-gallo-romain.html (Recherches archéologiques en Gaule page 275 – Raymond Lantier 1944 – Vol 2) Il est d’ailleurs assez facile de reconstituer leur tracé sur les cartes au 1/25000 de l’Ign et la carte de Cassini sur le Géoportail.)
[2] La voie romaine est évoquée par deux auteurs : Bernardin de Saint-Pierre et Beaucousin.
[3] La voie royale qui fut percée de 1752 à 1779 selon l’atlas Trudaine est devenue ensuite route nationale. En 1959, peu avant le lieu-dit « La Fourche », la nationale 29 rejoignait la R.N.13 bis reliant Le Havre à Vernon passant du plateau de Caux à la Vallée de la Seine à partir de Rouen suivant le tracé de la voie royale Le Havre-Rouen. Sur le territoire de Sainte Marie des Champs cette voie fut nommée R.N.182 puis R.N.14, R.N.13 bis et enfin R.N.15 jusqu’à son déclassement en D.6015 en 2005-2006.
Pour se rendre d’Yvetot à Rouen le chemin passait au vieux moulin puis à Saint-Clair (Mezerville) pour rejoindre par le fond de val d’Ecalles-Alix avant de rejoindre l’église puis le bois de Sap.
La commune de Sainte-Marie-des-Champs est située sur le haut plateau du pays de Caux sur la ligne de partage des eaux qui d’un côté les eaux s’écoulent vers la mer et de l’autre vers la Seine comme en témoigne les premières pentes du vallon du Val-au-Cesne au sud-est.
Le paysage de Sainte Marie des Champs a évolué rapidement à la fin du 20e siècle, depuis la création du tracé de la rocade non loin de Loumare (La Fourche) où s’est installé de nombreuses entreprises dont les premières : les pépinières Neveu puis un supermarché U, les entrepôts Vatine et enfin le grand complexe commercial Intermarché.
Le nouveau village adossé à la Nationale s’est agrandi d’un côté par la création d’une zone industrielle en parallèle à la nationale et des lotissements se sont implantés vers le Mesniltate d’un côté et vers le Mont Asselin de l’autre.
C’est au XIXème siècle que le nouveau bourg s’est réinventé autour de la nouvelle église (1859-1862).
Alors que la nouvelle église se construisait à la Brême, il était procédé à la destruction de l’ancienne en 1860 qui conserva son chœur (la chapelle du Fay)
Les lieux et lieux-dits de Sainte-Marie-des-Champs.
Le plan terrier de 1566, socle cadastral de ce que fut la principauté d’Yvetot, en l’absence de sa représentation cartographiée, Beaucousin par sa transcription nous renseigne sur les différents hameaux constitutifs de la paroisse de Sainte-Marie-des-Champs.
Le bout de Bien, le mont-Asselin, Loumare, Mesniltate, la Brême, Le Fay, La Bascule, le Carquelay.
Tous ces lieux sont décrits au travers des pièces de terre et masures répertoriées en 1566 tout en faisant référence à leurs propriétaires précédents.
Les lieux les plus intéressants sont le Fay, le Mont-Asselin, le Carquelay et le Menisltate.
Selon Pierre Molkhou[1] le Mont-Asselin (mont d’Ascelinus) serait attesté au 12e siècle.
Le plan terrier de 1566 décrit précisément la nature de ce fief très important, l’un de plus ancien avec celui de Carclif.
L’ensemble du hameau du Mont-Asselin est vaste tel qu’il se dessine en 1494 couvrait probablement des terres réparties sur les paroisses d’Yvetot et de Saint-Clair-sur-les-Monts soit sur près de 90 acres.
Le roi d’Yvetot de 1471-1494 était Jehan Baucher, deuxième époux de la veuve de Guilau Chenu). En cette même année 1494 ce fut Jacques Chenu qui lui succéda de 1494 à 1498.
Selon le Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de la France et de plus de 20,000 hameaux en dépendant : illustré de 100 gravures de costumes coloriés, plans et armes des villes, etc.,.... Volume 3 / par Girault de Saint-Fargeaupar Girault de Saint-Fargeau, Date d'édition : 1844-1846, Notice d'ensemble : in : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb362796077
"Il est constant que les seigneurs d'Yvetot sont qualifiés du titre de rois dans un édit daté de 1392, et conservé dans les archives de l'échiquier de Normandie, Il paraît que c'est à la nécessité d'offrir au commerce un coin de terre où il pût se livrer en liberté à ses transactions qu'Yvetot a dû son indépendance.
Vers la fin du XIVe siècle, les marchands d'Espagne de Castille et autres se rendaient d'Harfleur à Yvetot avec leurs marchandises étrangères, qu'ils échangeaient contre celles de France ; et il était de tradition générale en 1461, qu'autrefois les sires d'Yvetot avaient battu monnaie.
Les exemptions de taxes et impositions, franchises et privilèges divers dont jouissait Yvetot, furent maintenus par Louis XI en 1464, par Henri II [...] "
Le manoir du Mont Asselin qui subsiste encore aujourd’hui s’adossait à l’amorce du coteau de val-au-Cesne faisant la limite entre la paroisse d’Écalles-Alix et Sainte Marie des Champs en amont et Yvetot en aval du manoir.
On peut penser que le colombier inscrit au plan terrier de 1494 se trouvait sur un ilot au milieu de la mare au centre d’une masure close. On peut supposer qu’il ait disparu après la Révolution ou qu’il ait été remplacé dans la ferme du Mont Asselin située quasiment en bordure de rocade coté Yvetot. Ce colombier est encore en place mais ne figurait pas sur l’atlas Trudaine à cette époque.
Concernant les jardins nommés dans la masure, il est aisé d’observer, à partir d’une photographie satellite comme celles proposées par IGN, l’empreinte et le tracé des parcelles des jardins qui existaient à cette époque, que l’on peut observer précisément sur l’Atlas Trudaine.
Ce manoir est situé aujourd’hui sur la commune de Sainte-Marie des Champs, une des quatre anciennes paroisses de la principauté d’Yvetot.
Dans la cour exposée sud-ouest parallèle au fond du val est planté de pommiers (verger) de part et d’autre d’une double allée d’arbres[2] du chemin allant vers la Marche traversant le domaine puis allant vers le hameau de Loumare à mi coteau.
D’est en ouest une masure close vient s’adosser à la masure close afin de dessiner l’équivalent d’un trapèze sur lequel vient s’emboiter la masure close de l’autre côté de l’actuelle rue du Mont-Asselin dans lequel se trouve un colombier.
Même si le reste du hameau décrit selon le terrier de 1566 n’est peut-être pas conforme à l’atlas Trudaine il l’est encore moins vis-à-vis des contours d’aujourd’hui, car la récente rocade sud l’a transpercé un peu dans sa partie ouest.
[1] Pierre Molkhou, concepteur et éditeur de « Histoire et Municipalités » fut chargé par le conseil municipal de la commune de Sainte-Marie-des-Champs pour relater l’histoire du village des samaritains. In : Sainte-Marie-Des-Champs, Seine-Maritime, l’affirmation d’une identité, Pierre Molkhou, 2013.
[2] L’équivalent d’un mail, c’est-à-dire 900 mètres
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
A propos de la masure cauchoise, Patrick Lebourgeois rapporte ceci dans ce lien, tout en le rapportant au "clos-masure" :
"Le clos masure est apparu vers les Xe et XIe siècles quand les forêts normandes ont été défrichées à la demande des moines qui géraient les abbayes naissantes. La juxtaposition de ces parcelles entourées d'arbres débouche sur la création de hameaux qui deviendront des villages. "
in : https://www.lecourriercauchois.fr/actualite-124161-la-cerlangue-patrick-lebourgeois-raconte-le-clos-masure
Cette courte introduction rapportée dans le Courrier Cauchois est pertinente me donne l'occasion de rappeler la définition de Leopold Delisle qu'il en donne dans son ouvrage Etudes sur la condition de la classe agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au moyen-âge, Editeur H. Champion, Paris, 1903
La masure au moyen-âge
" La masure (en latin "mansura, "masura", "masagium) , "mesagium", "masnagium", etc... n'était point une tenure particulière. C'était plutôt l'indication de l'habitation du paysan avec ses dépendances, de sorte qu'une masure pouvait être tenue aussi bien en vavassorie qu'en bordage. On appelait surfait tout ce qui s'élevait sur la masure.[...] A côté de la masure doivent être signalés le clausage, synomyme de masure, le cottage, qui indique quelquefois la tenure d'un jardin, ainsi que le courtillage ; la croûte dont le nom est resté attaché à un grand nombre de nos champs, l'ouche et le pourpris, espèces de cour.[...]
Contexte des défrichements qui ont permis l'édification de masures qui regroupées en hameaux se sont agrégés au fil de temps en village (paroisse)
Le Mont-Asselin,
le fief du manoir du Mont Asselin
avec
son pourpris, sa cour plantée, son verger,
son parc de chasse - garenne -
et ses abords
d'hier à aujourd'hui.
D'après l'Atlas Trudaine, le plan Napoléonien, la carte d'Etat Major de 1866, d'une vue aérienne IGNF- cliché n°3 du 25 11 1970 et du cliché n°1683 24 07 2012 secteur du Mont Asselin, orienté en haut de chaque image vis à vis de la voie royale, puis de la nationale 15 et récemment de la D6015,
en haut de chaque image
Il est décrit ainsi en 1566 vis à vis d'un texte de 1494 :
De noble homme Jacques Chenu escuyer Seigneur et prince d’Yvetot, (…) Guillaume Gombault tient et avoue à tenir en son fief et seigneurie d’Yvetot un huitième de fief noble nommé le fief du Mont-Asselin, a moulin, jardins, court, usage, justice, juridiction, maisons, manoir, coullombier (…) et terres labourables et non labourables (…)
Masure du fief
Le dénombrement porte
1 - la masure contenant 7 acres[1] & demye vergée[2] bornée D.C. le chemin tendant à la marche D.C. le chemin tendant au Goullet, et des deux bouts des deux rues du Mont Asselin (…) ;
2 - une pièce 3 acres & 2 vergées 7 perches[3] ;
3 - une pièce contenant 3 acres une vergée ;
4 - une pièce de 2 acres ;
5 - une pièce de 3 acres – une pièce de 1 acre ;
6 - une pièce d’une acre 13 perches ;
7 - une pièce de 1 vergée, 30 perches ;
8 – une pièce de 1 vergée, 6 perches ;
9 - une pièce de 1 acre 2 vergées ;
10 - une pièce de 2 acres, 20 perches ;
11 - une pièce de 2 acres, 1 vergée ;
12 - une pièce de 1 acre ;
13 - une pièce de 1 acre, 5 perches ;
14 - une pièce de 1 acre 6 perches , soit au total 32 acres
En outre de ces terres non fieffées, le Seigneur du Mont asselin avait fieffé : 1 - Jehan Dubreuil : 2 acres de terre ; 2 - Matin Gramar : ½ acre 20 perches ; 3 - Jehan Le Roy : 11 acres ; 4 - Henri Guislot 4 acres en trois pièces de chacune ; 5 - Jehan Vion 9 pièces contenant 14 acres 2 vergées ; 6 - Jehan Lebas : 4 pièces contenant 5 acres ½ ; 7 - Jehan Vion : 8 acres 2 vergées ; 8 - Loys Gnessier : 1 acre 1 vergée ; 9 - Robert Lefevre : 1 acre 5 vergées ; 10 – Bachelet : 6 acres.
Le domaine non fieffe se comporte de 31 acres 2 vergées 27 perches, le domaine fieffé 60 acres 3 vergées 2 perches soit un total de la contenance du fief 92 acres 2 vergés 12 perches
Ces soixante acres (…) rapportant (…) chaque année, ceci résulte d’un aveu[4] & dénombrement fourni à Martin Dubellay et à Isabeau Chenu sa femme.
Aveux rendus au Seigneur d’Yvetot par les sieurs de Mont Asselin, 7 janvier 1494, aveu de Guillaume Gombault, escuyer bourgeois de Rouen
[1] Quelques auteurs font acre du masculin ; entre autres Vauban : La mesure de la province de Normandie est l'acre. Cet acre est composé de 160 perches carrées, et la perche de 22 pieds carrés (22 pieds en carré, c'est-à-dire 484 pieds carrés) ; mais les pieds sont différents ; la mesure la plus commune les fait d'onze pouces, et le pouce de douze lignes, Dîme, 46.
In : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/acre
Une acre équivaut à 4047 m2 et en ha : 0.4047
[2] Autrefois, étendue de terre qui était de quarante perches. In : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/verg%C3%A9e#
[3] Ancienne mesure agraire de dix-huit, vingt ou vingt-deux pieds, suivant les différents pays, cent perches faisant toujours un arpent. In : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/perche_[2]/55478
[4] Aveux rendus au Seigneur d’Yvetot par les sieurs de Mont Asselin, 7 janvier 1494, aveu de Guillaume Gombault, escuyer bourgeois de Rouen
Le plan terrier de 1566 vient confirmer la description de l’aveu de 1494 à propos des limites de la paroisse de Sainte-Marie-des-Champs avec celle d’Yvetot. Si l’Atlas Trudaine du 18e siècle ne fixe pas les limites des paroisses, le plan du début du 19e siècle montre que le Mont-Asselin est divisé et partagé sur les deux paroisses, délimité aujourd’hui par les rues du Mont-Asselin et la rue Varenchel
Noble homme Jehan Gombault, sieur du Mont-Asselin
Noble homme Jehan Gombault, Sr du Mont-Asselin tient un huit de fief noble, nommé de Mont Asselin en domaine fieffé et non fieffé a court, usage, justice basse et juridiction, manoir, maisons, coulombier (…) hommes, hommages, admendres, forfaitures rentes en deniers, corvées, grains, oeufes, oyseaux, relliefs, traiziesmes tout les aultres droitures franchises et libertés appartenant et apprendant a telle quallitte et noblesse du fief appartenant. (…) le premier pour d’aoust mil cinq centz cinquante quatre
Item le dit Gombault tient de ma Dame troys pièces de terre assises en la dite paroisse d’Yvetot
Le fief du Mont-Asselin comme d’autres fiefs de la principauté d’Yvetot est constitué de masure close, de pièce[2] en closage, de réseantise, de piece tenant ensemble en closage ainsi plantée et édiffiée d’une maison manente, fosses, arbres et plantes,
En 1566 : masure close, de pièce[2b] en closage, de réseantise, de piece tenant ensemble en closage ainsi plantée et édiffiée d’une maison manente, fosses, arbres et plantes
Pour mieux comprendre ce que la "masure close" sous entendrai, l’étude d’André Vigarié est très intéressant vis-à-vis du rapport qu’il a pu établir entre l’influence possible des invasions vikings se sédentarisant sur les hauts plateaux du pays de Caux, battus par les vents dominants d’ouest.
« André Vigarié[3] dans ses études sur la masure cauchoise. On sait qu'elle représente le plus beau type de maison à cour ouverte, c'est à dire constituée de bâtiments dispersés au sein d'une pâture complantée de pommiers et close d'un fossé doublé d'un talus planté de hêtres.[...] un tel habitat fait étroitement corps avec le milieu nature. Tous les matériaux se trouvent sur place. Le bois des colombages vient des taillis voisins, le chaume des récoltes céréalières (blé surtout) du plateau cauchois, le limon argileux du torchis ou des briques de la cheminée recouvre l'ensemble du plateau et, lorsqu'il est absent, il laisse apparaître l'argile à silex sous-jacente ; la craie du solin est également omniprésente au flanc des vallées. Tous ces matériaux sont remarquablement isothermes et imperméables à la pluie lorsque les techniques traditionnelles sont fidèlement respectées : élimination de la mousse, entretien sur le faîtage d'une bande d'iris. La structure dissociée la rend bien adaptée à l'économie rurale variée Pays de Caux : céréaliculture, élevage bovin et porcin, pommiers à cidre. » […] « Enfin, et ce n’est pas là le trait le moins passionnant du cas cauchois, le faitage d’iris est très spécifique de la région. […] la tradition affirme que l’iris était la fleur sacrée des Calètes – peuple gaulois du Pays de Caux – associée aux divinités agraires. »
Les masures
"Les exploitations rurales du pays de Caux sont connues aujourd'hui sous le nom de «cours-masures » ou «clos-masures », termes empruntés aux géographes, que les habitants n'emploient pas eux-mêmes, utilisant les termes masure ou cour.
Le mot masure n'apparaît dans aucun dictionnaire courant autrement que sous l'entrée désignant une petite maison misérable, vétusté ou délabrée. Le Trésor de la langue française, tout en notant son caractère régional, la définit soit comme «Habitation rurale ; ensemble de bâtiments d'une exploitation agricole », soit comme un «Herbage clos planté de pommiers ou de fruitiers entourant les bâtiments de la ferme ».
Ces définitions ne peuvent être acceptées. Les baux de fermage spécifient pratiquement toujours s'il s'agit d'une masure «édifiée d'une maison » et/ou «édifiée de bâtiments agricoles ». De même, l'«herbage clos planté de pommiers ou de fruitiers entourant les bâtiments de la ferme » correspond très exactement à ce que les Cauchois appellent encore aujourd'hui une cour. Pour notre part, nous nous référerons ici à l'article Masures de la Coutume de Normandie.( D. Houard, 1780-1783 : III-267.)
«La Coutume réformée, article 271, entend par ce mot ce que la Coutume ancienne appelloit ménages ; c'est-à-dire ce qui comprend les bâtiments , le clos , la cour & le jardin ».
Cette acception fait de la cour un des éléments constitutifs de la masure que nous définirons donc comme l'espace clos qui entoure la maison d'habitation, et où les divers bâtiments de la ferme (écurie, étable, bergerie, charretterie, four) sont répartis.[...]
Les plantations d'arbres de haut jet, le plus souvent en deux rangées, sur un talus (le fossé ) d'environ 1,80 m de hauteur constituent, sans doute la caractéristique la plus connue des masures du pays de Caux. Vu de la plaine, le village ressemble plus à un bois qu'à une agglomération de maisons. Souvent renforcés, dans les parties exposées au vents dominants, d'un ou plusieurs alignements d'arbres au pied des talus, ces rideaux avaient pour fonction essentielle de protéger des intempéries les pommiers (au Moyen Age, ces plantations sont exigées par le bailleur en même temps que celles des arbres fruitiers) et l'ensemble des activités de la ferme, tout en assurant la fourniture du bois d'oeuvre (pour le propriétaire) et de chauffage pour le fermier qui gardait pour lui le fruit de l'élagage.
Il est probable que jusqu'au milieu du XIXe siècle, le chêne a constitué l'espèce dominante, en association avec l'orme, le frêne et le hêtre, plus rarement le châtaignier. Bois d'oeuvre par excellence, il fournissait les matériaux taillés par les charpentiers pour édifier les bâtiments. Aujourd'hui, le hêtre lui a été massivement substitué, comme susceptible d'un meilleur enracinement dans le talus qui lui sert de base. Mais les inventaires du patrimoine arboré que nous avons pu consulter pour le XIXe siècle montrent une grande diversité des espèces sur le même talus, (y compris certaines essences aujourd'hui absentes, comme les résineux), des âges très variables sur le même talus qui contrastent avec les beaux alignements réguliers d'aujourd'hui, et des «trous » fréquents dans ces alignements dus aux coupes effectuées à l'occasion de la construction ou-réparation des bâtiments.
On retiendra surtout une gestion collective de ce patrimoine : les propriétaires se réservaient souvent dans les baux une partie du produit de l'élagage ; les bois nécessaires à l'entretien des bâtiments d'une ferme pouvaient être pris sur les talus d'une autre ferme.
Nous désignons ici par cour l'espace enherbé constituant de la masure, enclos par les fossés, parfois encore planté de pommiers et poiriers, et sur lequel se distribuent les bâtiments agricoles et le jardin. De forme légèrement bombée, la cour était striée de petits canaux destinés à drainer les eaux de ruissellement vers les fossés en périphérie ; ces derniers, servant de collecteurs, se dirigeaient vers la mare située à un point bas du terrain, le plus souvent à proximité immédiate de la maison."
Voilà ce que rapporte le Trésor de la Langue française : def. masure
Région. (Pays de Caux)
1. Habitation rurale; ensemble de bâtiments d'une exploitation agricole. Les préoccupations d'arboriculture et d'élevage se font sentir dans la ferme-masure caractéristique du pays de Caux. Elle se distribue en bâtiments séparés, mais tous compris dans l'enceinte rectangulaire (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.180).
2. Herbage clos planté de pommiers ou d'autres arbres fruitiers entourant les bâtiments de la ferme. Le régisseur aida Bouvard et Pécuchet à franchir un échalier, et ils traversèrent deux masures, où des vaches ruminaient sous les pommiers (FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.27):
2. Jusqu'à nos jours, c'est dans ces gains successifs que tient toute l'histoire du pays de Caux. Ainsi se sont multipliées les fermes entourées de leurs vergers ou masures [it. ds le texte], d'où le fermier surveille son bétail, et que flanquent des fossés, ou levées de terres garnies de hêtres.
VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr., 1908, p.175.
In : http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1420504020;
Ménages ; masure et masure cauchoise ; cour-masure ; et clos-masure !
Ce qui est décrit par les historiens géographes ce sont la masure cauchoise et la cour masure. Quant à l'invention du clos masure, elle date de 1968 par deux architectes Warnier et Garofalo : Comme nous l'avons décrit dans a locution « clos-masure » est née à Yvetot : Louis Lecomte nous explique que cette locution a été employée dans le titre du diplôme soutenu par Bertrand Warnier et Yolande Garofalo en octobre 1967 à l'École des beaux-arts de Paris pour l’obtention du titre d'architecte DPLG : "Le clos-masure du Verger", in 003-part-1-chapitre-1-histoire-du-patrimoine-vegetal-d-yvetot-1021-2021-de-1021-à-la-revolution-francaise
Concernant la la cour masure, avant le clos masure on évoquait la singularité de cet endroit, de nombreuses fois décrit par ailleurs au 19e siècle et au 20e siècle.
Cette locution cour-masure est apparue 100 ans avant qu'une autre la supplante depuis 1968. On parle toujours du même contenu.
L’usage du mot démarre en 1866 avec un premier pic en 1868, un autre principal en 1932, un moindre en 1954 et 62, puis en déclin depuis 1968 avec l’apparition de la locution clos-masure. In : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/cour-masure
Ce qui en attestent sont les journaux qui dans leur rubrique immobilières publient des publicité et actes de vente de terrains, domaines, maison, masures et cour-masure dès 1868.
Citons aussi cet extrait issu de Seine-Maritime, Les documents de France, , Editions Alépée, 1970, chapitre "le pays de Caux" Raymond Mensire, page 30 :
La "cour-masure" toujours verte d'herbe grasse, est entourée de "fossés" qui sont de hauts talus où s'alignent des rangées d'arbres, hêtre surtout, destinés à la protéger contre les vents. Elle est plantée de pommiers parmi lesquels se dispersent les "batimennts" ruraux : maison du fermier, écuries, étables, bergeries, porcheries, charreterie, granges, pressoir, cellier, isolés les uns des autres, bâtis en "galandage" avec poutrelles apparentes, et naguère encore couverts en chaume. Seul le "four" a presque disparu.[...] Parfois, un massif pigeonnier, circulaire ou hexagonal, marque l'emplacement d'un fief ou d'une vavassorie noble.
Les villages ne sont, pour la plupart, que des groupements de ces cours de ferme autour du "carreau" [...]
Daniel Fauvel nous signale ceci : "On se trouve donc, dans cette région de champs ouverts, au centre d’un ancien système agraire qui a perdu sa signification, mais qui la conserve suffisamment pour servir de référence, avec les avantages agricoles que la cour masure pouvait tirer de ces talus-fossés. On comprend alors que Maupassant, dont toute la jeunesse espiègle s’est passée dans un petit château de Grainville-Ymauville, entre les marchés bien cauchois de Fauville et de Goderville, jouant et vivant avec les enfants du village, ait dépeint, devenu adulte, avec une précision touchante, les fossés-talus de son enfance et rendu leur curieuse atmosphère. * M. Fauvel, préparant actuellement une thèse d’histoire et de démographie sur son canton natal de Goderville et le connaissant fort bien, m’a rapporté que son père, journalier agricole, durant la période d’hiver après les battages était souvent sollicité pour réparer les talus-fossés. A sa connaissance, il n en a fait qu’un seul à Ecrainville et encore à la demande d’un propriétaire mécontent de ce que l’un de ses prédécesseurs ait fait abattre deux des quatre côtés du fossé de sa cour masure et le lui a fait refaire avant 1939, pour avoir une cour plus équilibrée et plus logique. Il n’est pas rare dans cette commune de voir des chaumières entourées d’une cour d’une trentaine d’ares, avec un talus-fossé planté, mais surtout celles construites avant 1789. En général, ce sont les fermes grandes ou petites et surtout les grands domaines qui étaient entourés d’un fossé planté." in : Fossés cauchois et normands, André Dubuc, p. 183-196,
in : https://books.openedition.org/purh/12407?lang=fr -
Pour rappel : Au 19e siecle et 20e siècle sont utilisés les termes : masure cauchoise et cour-masure puis clos-masure
Clos-masure et cour-masure n'étant pas au dictionnaire de la langue française, il se peut que pour cette raison que le dossier d'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO n'est pas abouti car à mon humble avis : Ce qui est défini et inscrit au dictionnaire peut être reconnu au plan international.
in : Paris-Normandie : 12 septembre 2023 on peut lire :
"Patrimoine mondial de l’Unesco : les clos-masures du pays de Caux n’ont pas convaincu
Depuis 2013, en vue de protéger durablement ce patrimoine rural, le Département de Seine-Maritime avait entrepris une démarche pour faire inscrire les clos-masures au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais le parcours s’est interrompu en France."
C'est Camille Corot qui a peint ce qui peut être attribué à une "masure" à Bois-Guillaume en 1822 - maison couverte de chaume entourée de pommiers et ceinturée d'arbres - Boisguillaume étant une commune du Caux-Rouen.
Flaubert utilisait "masure" au 19e siècle.
Masures : sens provincial, la cour plantée entourant la maison d’habitation et les batiments agricoles d’un cultivateur. « On appelle masures en Normandie, les terrains en campagne, enclos de haies, fossés ou murs, en nature d’herbage et ordinairement plantées d’arbres fruitiers ». (Journal des arrêts des cours royales de Rouen et de Caen, t. VII, 1827, p. 41). in : https://books.openedition.org/purh/12407?lang=fr -
Aujourd'hui les cauchois utilisent cour-masure et clos-masure et poursuivent malgré tout leur protection.
Autre remarque : il est possible également que le dossier de candidature d'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO n'ait pas été retenu du fait que les contours du pays de Caux ne soient pas véritablement délimités et trop variables comme on a pu l'étudier précédemment dans le chapitre : https://yvetotpatrimoinevegetal.over-blog.com/2021/01/003-part-i-chapitre-1-l-histoire-du-patrimoine-vegetal-d-yvetot-1021-2021-de-1021-a-la-revolution-francaise-reflexion-sur-l-evolutio
Rappel : Les définitions d'une cour-masure, d'un clos-masure, d'une masure cauchoise n'existent pas au dictionnaire de la langue française. Seuls le Littré et le Larousse évoquent une dimension régionale à propos de "Masure"
Littré : "Nom, en Normandie, de l'enclos, ou verger, ou herbage planté d'arbres fruitiers, dans lequel sont situés les bâtiments de la ferme,"
Larousse : "Maison rurale traditionnelle du pays de Caux, composée de plusieurs bâtiments d'habitation et d'exploitation dispersés dans un prés clos de haies et planté de pommiers."
[2] Acre en closage, vergée en closage…
[3] In : André Vigarié : « Recherche d’une explication de la maison cauchoise. » Norois, 1969, 63 et 63 bis, pp.491-501. « Les énigmes de la maison cauchoise. » Annales de Normandie, XXI, 2, juin 1971, pp.137-151. In : Jean-Robert Pitte, Histoire du paysage français, Le sacré : De la Préhistoire au 15ème siècle, chapitre : Le paysage bâti des campagnes médiévales, Editions Tallandier, Paris, 1983, 142-143
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
Attardons-nous sur le plan de situation de l’ensemble paysager qui constitue le fief du Mont-Asselin de 1494, confirmé par le plan terrier de 1566.
Pas à pas à l’aide de l’étude ralisée par Xavier Pagazani[1] et de l’Atlas Trudaine[2], nous allons analyser ce fief qui décrit fidèlement le patrimoine naturel et végétal du Mont-Asselin de la principauté d’Yvetot.
Sans ces deux supports documentaires il m’aurait été impossible d’imaginer ce qu’étaient les autres fiefs à cette époque puisque la plupart d’entre-eux existaient aussi comme on peut l’observer sur le plan terrier de 1566 et visibles grâce au plan général de l’Atlas Trudaine.
En premier lieu pour se figurer le fief du Mont Asselin dont la masure close abritait le manoir, demeure noble du seigneur , partant du tracé futur de la voie royale d’est en ouest il faut visualiser au 2/3 la grande alleé ou sente[3] bordée d’arbre, l’équivalent d’un mail (900 mètres) orientée perpendiculairement avant de bifurquer obliquement vers le hameau de Loumare.
Cet axe est remarquable pour accéder au manoir est borné vers le manoir par une succession de parcelles boisées entrecoupées d’allées d’agrément surplobant un vaste verger planté de pommiers. Deux autres accès sont complémentaires, traversant le hameau du Mont-Asselin par le chemin mitoyen des paroisses de Sainte-Marie-des-champs et d’Yvetot, chemin qui existe encore aujourd’hui que l’on nomme « rue du Mont-Asselin » et rue Varenchel faisant le tour d’un clos masure sur lequel subsiste un colombier[4] en son centre.
L’axe du chemin du Mont-Asselin vers Sainte Marie des Champs (la Brême) arrive à une fourche qui en face distribue la cour masure de Varenchel surplombant le vallon, à droite, contournant la cour-masure, le chemin vire d’abord sur la gauche pour descendre directement en fond de val pour suivre encore sur la gauche le fond du val et prendre encore sur la gauche pour rejoindre le bout du mail vers l’entrée du manoir.
Le Pourpris du Manoir
« Pourpris[5] : c’est tout ce qu’un bourg, ou un fief, ou un manoir comprend tant en maisons, masures, que jardinages. »
« [6]Le manoir est à la fois une exploitation agricole, le siège d’un domaine noble, et une résidence permanente ou temporaire »
Le pourpris du manoir est bornée par des fossés[7] et talus plantés la séparant de la ferme voisine dite de Varenchel : on discerne le manoir flanqué de deux ailes afin de former une cour ouverte semi-ouverte. Le terrain est sur un des versants du fond du val au Cesne. Deux jardins clos adossés de chaque coté des ailes manoir complètent l’ensemble architectural du manoir sur lequel s’emboitent deux dépendances. Plus haut dans la cour masure à gauche se trouve probablement une grange alignée à la mare dans laquelle en son milieu se touve un colombier édifié sur une motte ou îlot. Dans leur prolongement une étable termine cette diagonale.
Au 2 / 3 de la cour deux granges sont alignées avec le manoir sur l’autre diagonale. Sur leur droite près de l’accès à la sente de la ferme dite Varenchel une autre mare borne les deux cour-masure. En fond de cour derrière une autre petite mare circulaire un autre bâtiment agricole annonçant un terrain en entonnoir jusqu’au bout du chemin du Mont-Asselin vers le chemin Varenchel ceinturant la masure close tout en longueur.
L’enclos central du hameau du Mont-Asselin constitué de trois pièces de terre plantées et édifiées dont les talus sont plantés se présentent ainsi est divisé :
La première portion de droite possède trois mares dont une en son centre à côté de la masure. Cinq bâtiments ceinturent la masure en bordure des fossés. Dans l’autre portion vers le manoir une petite cour fermée et plantée d’arbres ferme l’angle droit du chemin du Mont-Asselin, le reste semble être une pièce de terre labourable.
La pièce de terre ou se trouve une ferme est mitoyenne avec la pièce de terre du manoir d’un côté dont sur une portion une sente les sépare en haut du vallon.
De l’autre elle est bornée par deux pièces de terre labourable dont une ou un double alignement d’arbres la sillonne au sommet du vallon, parallèle à l’autre double alignement d’arbres desservant une autre masure close divisée en trois pièces de terre dont deux en closage possédant chacune un bâtiment agricole.
Cette masure close dite de Varenchel mitoyenne avec celle du manoir du Mont-Asselin possède une maison et quatre bâtiments agricoles dont probablement une longue étable et un bâtiment perpendiculaire à la maison principale qui subsistent encore aujourd’hui.
Sur le chemin du Mont-Asselin vers la brême, de l’autre côté du double alignement d’arbres d’une longueur d’environ 300 mètres une cour masure se divise en trois pièces de terre ceinturées et plantés ou est édifié sur deux d’entre elles unnpetit bâtiement agricole et dans la cour-masure principale un logis principal et trois dépendances.
De cette masure close dernièrement décrite en allant vers l’autre coté du closage central du hameau du Mont-Asselin, une petite masure close borde le closage central sur la largeur avant que de l’autre coté sur sa longueur d’une dizaine de petites cour-masure édifiées de maisons et de bâtiments agricoles se succèdent jusqu’au fond du hameau bordé par un vallon communiquant avec le fond du val au Cesne.
Toutes ces pièces de terre closes et plantées le sont de fruitiers dont essentiellement de pommiers mais aussi de poiriers (poirier de coq).
Ce fief du Mont Asselin adossé au vallon du Mont-Asselin est à la fois boisé, ponctué de pièces de terre labourable et d’une véritable mosaïque végétale dans laquelle s’inscrustent éléments architecturaux, closages, mares, chemins et sentes.
Ce paysage rural est abondament décrit et commenté par Xavier Pagazani décrivant la demeure noble en Haute Normandie (1450-1600).
Cette étude pertinente est une aubaine pour interpréter l’Atlas Trudaine[8], outil et support dont s’est habilement servie l’auteur.[9]
L’examen du patrimoine végétal du manoir du Mont-Asselin peut amplement s’appuyer sur des constatations de l’auteur prenant les exemples d’ Auffay, Beuzeville-la-Grenier et Caumare et Caltot :
« dans grand nombre de manoirs de Haute-Normandie, principalement dans le pays de Caux, la clôture est constituée de talus plantés d’arbres, qu’on appelle « fossés » dans la province.(…). Cette solution a l’avantage de mettre l’enclos et ses bâtiments à l’abri des vents dominants. La nature végétale de ce type d’enceinte rend difficile, voire impossible, toute datation en l’absence de fouilles, mais pour nombre de manoirs, l’examen des bâtiments situés à proximité de talus et parallèles à eux n’a pas révélé les arrachements qu’aurait laissés la destruction de murs d’enceinte. On peut donc légitimement penser que ces manoirs étaient clos dès l’origine par des talus plantés. L’utilisation d’arbres de haute futaie, pour protéger les arbres fruitiers de la parcelle répond à la nécessité d’abriter les enclos des vents dominants dans le pays de Caux, comme c’est aussi le cas dans certains terroirs de Basse-Normandie. La cour seigneuriale ou la basse-cour de nombreux manoirs était en effet plantée d’arbres fruitiers, en général des pommiers, comme l’attestent l’Atlas de Trudaine (…) et des photographies anciennes. On notera cependant que ce type de clôture caractérise le plus souvent des manoirs d’importance secondaire. (…) »
La description du domaine fieffé et des pieces non fieffeés du Mont-Asselin énonce d’autres apsects susceptibles d’illustrer d’autres éléments de ce patrimoine végétal qu’il convient ici d’explorer : moulin, jardins, maisons, manoir, colombier et terres labourables et non labourables, éléments caractéristiques pouvant nous aider à identifier la nature de ce patrimoine, les uns concourant aux autres.
Les jardins et la cour plantée
Prenons l’évocation des jardins, peu d’études en Normandie hormis, le récent ouvrage de Xaxier Pagazani, ont été consacrées aux jardins des demeures nobles de cette période sinon celles qui décrivent ceux des grands domaines. Une des plus anciennes rapportées par Pagazani concernent l’organisation de l’agriculture en France est celle d’Olivier de Serre[10] succédant à la pensée de Charles Estienne[11] publiée en 1564 dont la philosophie prônait le maintien dans l’ignorance des cultivateurs diamétralement contraire à celle de Bernard Palissy[12], génie de son siècle. Dans une énième réédition au 19e siècle, Henri C. Grégoire[13] dans son essai fait l’état des lieux des connaissances tout en citant ces auteurs, nous renseigne sur l’état de l’agriculture en France à propos de la vigne en pays de Caux, à propos du cidre en Normandie et notamment en Cotentin et bien d’autres sujets qui seront évoqués dans cette histoire.
Le fief du Mont-Asselin correspond bien aux descriptions faites par Xavier Pazagani car dit-il dans le paragraphe suivant que les manoirs n’échappent pas même à cette époque à la valeur qu’accordaient les seigneurs au bénéfice d’un jardin dans leur domaine. Leur usage et leur utilité dépendant de la grandeur du domaine, de l’usufruit et de sa rentabilité puisque celle-ci est évaluée dans les aveux consignés de cette époque. Il affirme que pour produire une analyse fine du patrimoine végétal (jardins) le recours aux plans terriers est indispensable autant que de se référer si nécessaire à l’Atlas de Trudaine dès l’instant ou cet Atlas couvre le secteur géographique en question ce qui est le cas pour la quasi-totalité du territoire du royaume d’Yvetot à l’exclusion d’une partie des fiefs de Taillanville et du Verger ainsi que de l’autre côté vers le Fay et le Grand Fay dont il est question dans l’examen du plan terrier de 1566 transcris par Beaucousin au 19e siècle.
« [14]Pas de château sans jardin », écrit Jean Guillaume [15]. L’affirmation pourrait valoir aussi pour le manoir, même si l’on ne s’est guère interrogé jusqu’ici sur cet aspect de la petite maison noble. Seuls Nicolas Gautier pour le Perche, Marie-Hélène Since pour la Basse-Normandie et Marie-Eugène Héraud pour la Vendée ont étudié les jardins du XVIe siècle, mais sans analyser leur rapport avec la demeure. Il faut dire que contrairement aux châteaux qui disposent des célèbres dessins et gravures de Du Cerceau, les manoirs sont rarement documentés sur ce point. Pour mener cette enquête, on possède peu d’éléments en dehors de l’analyse cartographique et topographique : lecture des cadastres anciens, antérieurs aux grands remembrements du XXe siècle, repérage des structures en terre encore en place (fossés, talus, fausses-braies, mottes féodales) et examen archéologique des structures maçonnées (logis seigneurial, dépendances et murs de clôture). Pour certains manoirs, il existe de plus quelques plans antérieurs au cadastre dit napoléonien (plans terriers, plans de vallée, Atlas de Trudaine), des descriptions de visiteurs et des photographies aériennes de l’IGN. »
Pour comprendre la notion de jardin que l’aveu de 1494 vient désigner, il faut interroger les pratiques et les usages multiples de cette fin du 15e siècle. Là encore l’ouvrage « La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600 » est riche de renseignements même si l’auteur n’a pu pour diverses raisons s’appuyer sur la totalité des domaines en Haute-Normandie et en principauté d’Yvetot en particulier.
Sans cette étude il serait hasardeux de se risquer à interpréter ce que cette notion pourrait recouvrir. Son enquête révèle plusieurs fonctions de ces dits jardins que ces espaces soient dissociés ou non du dissociés manoir pour ce qui nous intéresse avec le fief du Mont-Asselin.
«[16] Pour comprendre l’histoire du jardin de la petite demeure noble en Haute-Normandie, il convient d’abord de distinguer les maisons des champs de notables vivant en ville, les résidences campagnardes de gentilshommes vivant à la cour une partie de l’année et les manoirs a priori plus simples de nobles vivant du seul revenu de leur terre (…). Il faut également distinguer les divers espaces clos réservés au seigneur autour du logis : jardin potager et jardin d’agrément, cour à préau et cour plantée d’arbres, pré entouré d’arbres, verger, garenne, parc de chasse, le jardin, au sens strict, n’étant pas toujours le lieu d’agrément privilégié de la maison noble. »
Il ajoute dans un autre paragraphe :
«[17] Pour les manoirs les moins importants qui constituent la majorité des domaines nobles haut-normands, tels Anquetierville, Héronchelles, Caltot et Beuzeville-la-Guérard, le jardin, de petites dimensions et le plus souvent éloigné du logis, paraît être, sans contestation possible, un jardin nourricier. »
Examinons ensemble ces jardins qui sont des jardins nourriciers et des jardins un jardin nourriciers (potager) et en même temps un potager.
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
Les jardins nord dont l’enceinte a une forme rectangulaire, sont enclos et attenants à l’aile nord du manoir ce qui laisse supposer que l’accès au jardin se fasse de l’intérieur du manoir ou de l’intérieur de la cour à l’ouest. Il sont divisés en trois parcelles entourées d’une allée périphérique et d’une allée centrale longitulinale et d’une courte allée perpendiculaire séparant les deux plus petites parcelles aux dimensions inégales.
Les jardins ouest dont l’enceinte a une forme carrée , a une superficie un quart plus grande comportant deux parcelles rectangulaires dont une est moins longue du fait qu’un des murs d’enceinte soit un mur d’une dépendance du manoir. Ce carré de jardin est enclos et attenant à l’aile sud du manoir ce qui laisse supposer que l’accès au jardin se fasse de l’intérieur du manoir ou de l’intérieur de la cour orientée à l’ouest. Il sont divisés en deux parcelles inégales entourées d’une allée périphérique et d’une allée centrale longitulinale.
[1] La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014.
[2]'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
[3] Cette sente allait du Mont-Asselin au hameau de Loumare telle décrite sur le plan terrier de la principauté en 1566.
[4] Le colombier situé sur la ferme Burel n’existait pas en 1767 en revanche celui de 1494 se trouve dans la cour masure en contrebas au-dessus du manoir, sur un ilot d’une des mares.
[5] Michel Houard, Dictionnaire analytique, historique, étymologique, critique et interprétatif de la coutume de Normandie, t. 3 (1780), Rouen, 1782, p. 512. In : La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 1 Chapitre 5. Le pourpris du manoir
[6] La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 1 Chapitre 5. Le pourpris du manoir
[7]« (…) dans grand nombre de manoirs de Haute-Normandie, principalement dans le pays de Caux, la clôture est constituée de talus plantés d’arbres, qu’on appelle « fossés » dans la province. Cette solution a l’avantage de mettre l’enclos et ses bâtiments à l’abri des vents dominants». In : La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 3 Chapitre 5. Le pourpris du manoir.
[8] In : Cote des documents originaux conservés aux Centre historique des Archives nationales à Paris : F/14/*8502 Les atlas des routes de France dits atlas de Trudaine constituent une collection unique et homogène de soixante-deux volumes totalisant plus de 3 000 planches manuscrites soigneusement aquarellées. Réalisés entre 1745 et 1780 sur ordre de Charles Daniel Trudaine, administrateur des Ponts et Chaussées, ils comportent les routes faites ou à faire (et leurs abords immédiats) dans les vingt-deux généralités des pays d'élections régies par des intendants. Les pays d'états (Bourgogne, Provence, Languedoc et Bretagne) ainsi que les pays d'imposition (régions frontalières conquises sous Louis XIV) sont exclus de cette couverture cartographique, sauf la généralité de Metz (trois atlas) et le Haut-Cambrésis (trois atlas aussi). Ces atlas forment une documentation précieuse et très recherchée sur les paysages français du XVIIIe siècle
Sujets Archirès : Yvetot (Seine-Maritime) ; Valliquerville (Seine-Maritime) ; Alvimare (Seine-Maritime) ; Plan
Bibliothèque : ENSA Normandie
[9] Dans la Fig. 88, à la même époque que le manoir du Mont-Asselin, il prend exemple de Caltot, à Bolbec (Seine-Maritime) Xavier Pagazini localise les principaux bâtiments du manoir sur fond d’Atlas de Trudaine, route de Rouen au Havre. AN, CP F/14 bis*/8502, pl. 36. A : maison noble (bâtie après 1491). B : grange et pressoir (après 1491). C : colombier (bâti vers 1520). D : châtelet et dépendances (vers 1520). In : La demeure noble en Haute-Normandie , 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, paragraphe 3, chapitre 5, Le pourpris du manoir
[10] In : Serres O. de, Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Paris, 1600. Olivier de Serre a conservé durant plusieurs siècles une Hora grâce son l'influence sur la pensée agronomique française.
[11] L'Agriculture et maison rustique de M. Charles Estienne Docteur en Médecine, 1564.
[12] Créateur des jardins de Troissereux dans l’Oise près de Beauvais conçoit selon la Recette véritable (1563) « le jardin délectable » au 16e siècle. Sa pensée peut d’illustrer ainsi "Je ferai un autant beau jardin qu'il en fut jamais sous le ciel, hormis le jardin de Paradis Terrestre." C’est en herborisant dans ce domaine unique que j’ai compris son art novateur annonçant un siècle plus tard la conception des jardins dits « anglais » Plus tard a Troissereux furent acclimatés une dizaine de cyprès-chauve rapportés d’Amérique du nord au 18e siécle par La Fayette dans l’Hermione alors que dans le même temps ceux transplantés au domaine de Versailles périclitèrent.
[13] Essai historique sur l'état de l'agriculture en Europe, au XVIe siècle, par le c. Grégoire, Grégoire, Henri (1750-1831), Éditeur : impr. de Mme Huzard (Paris) in : Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs d’Olivier de Serres, seigneur du Pradel, La maison rustique, nouvelle édition conforme au texte, augmentée de notes et d’un vocabulaire, publiée par la société d’agriculture du département de la Seine, Tome I., à Paris, de l’Imprimerie et dans la Librairie de Madame Huzard, imprimeur de la Société d’Agriculture du Département de la Seine, rue de l’Eperon, an 1804.
[14] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 1 Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[15] In : Guillaume J., « Le jardin mis en ordre. Jardin et château en France du XVe au XVIIe siècle », in J. Guillaume (dir.), Architecture, jardin, paysage…, op. cit., p. 103-136 , in : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 1 Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[16] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 2 Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[17] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 5 Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes
La cour plantée d’arbres se situe au-delà du manoir et des jardins dans laquelle se touvent le colombier et les autres bâtiments agricoles. A s’y méprendre cet espace pourrait ressembler à un verger à la différence près que le verger n’est qu’un closage où ne sont plantés que des fruitiers.
«[1] L’utilisation d’arbres de haute futaie, pour protéger les arbres fruitiers de la parcelle répond à la nécessité d’abriter les enclos des vents dominants dans le pays de Caux. (…) La cour seigneuriale ou la basse-cour de nombreux manoirs était en effet plantée d’arbres fruitiers, en général des pommiers, comme l’attestent l’Atlas de Trudaine (…) On notera cependant que ce type de clôture caractérise le plus souvent des manoirs d’importance secondaire »
« Des aveux des XVIe et XVIIe siècles, l’Atlas de Trudaine du XVIIIe, de nombreux plans cadastraux anciens du début du XIXe et des photographies du début du siècle dernier présentent les cours des manoirs normands plantées d’arbres fruitiers. Ces cours vertes, qui ressemblent fort à des vergers, ne doivent pas nous égarer : elles répondent sûrement moins à la volonté d’agrémenter le manoir (qu’il ne faut cependant pas exclure) qu’à celle de rentabiliser un terrain, qui, on l’a vu, pouvait être très étendu[2]. Car la cour est avant tout, dans une majorité de manoirs, l’enclos où se trouvent réunis les bâtiments utilitaires : une basse-cour au sol boueux, où circulent charrettes, serviteurs et animaux de la ferme. »
Le pré entouré d’arbres
Prenons l’évocation du pré entouré d’arbres, il complète les fonctions du domaine. Sa fonction est intimement liée aux fonctions agricoles et le plus souvent il s’agit d’un simple pré entouré d’arbres que l’on nommait également ou « salles de verdure »[3]
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
Deux prés à la grandeur distincte sont accolés en périphérie des cours plantées comme il est possible de le distinguer sur cette portion du domaine.
[1] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 2 Chapitre 5. Le pourpris du manoir.
[2] Sur l’étendue de la cour du manoir, voir p. 152-156. In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 64, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[3] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 51, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
Le parc de chasse et le verger
Prenons l’évocation du parc de chasse et d’agrément.
En toutes saisons le seigneur avait nécessité d’un parc pour y puiser autant des ressources indispensables à l’entretien de son domaine, de ses bâtiments et demeures que pour y giboyer.
« On sait à quel point la forêt était précieuse « pour la provision d’une bonne maison », à la fois pour le chauffage, les réparations, les constructions, et pour parquer les animaux.[1] »
Mais son usage le plus important pour la noblesse était d’offrir « la délectation de la chasse et le profit des bestes sauvaiges qu’on y prend[2] ».
« Les parcs avaient une autre fonction, tout aussi récréative pour le seigneur qui pouvait s’y promener en noble compagnie et y trouver le « plaisir des ombrages, et l’agréable séjour dessous les arbres en toutes saisons, mesme en hyver parans les froidures[3]».
Examinons ensemble le domaine boisé d’après la description qu’en fait l’Atlas Trudaine qui illustre l’agencement particulier et spécifique de ce fief.
L’ensemble illustré sur le plan Trudaine montre un type de petit parc de 1 à 15 hectares correspond aux normes décrites par Xavier Pagazani. Le découpage des parcelles boisées à côté du jardin et du verger laisse à penser que ce parc était à la fois destiné à la promenade, autant que certains espaces pouvaient être plus utilitaires pouvant servir de garenne pour le petit gibier :
« [4]Les premiers, (…) sont situés à côté du jardin ou du verger seigneurial, et laissent à penser qu’ils étaient avant tout un lieu de promenade : un « bois d’agrément » ou un « bosquet » (percé d’allées[5]) (…) Mais certains espaces boisés, plus utilitaires, devaient également servir de garenne pour le petit gibier destiné à la vente ou à la table du seigneur[6]
Le verger, situé entre le parc boisé et le manoir
Extrait de l'Atlas Trudaine des routes de France - Yvetot à Alvimare - Trudaine, Charles Daniel - 1745- 1780- Cote ENSA - CARTO - CD 37
[1] Voir p. 134-135. in : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 53, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[2] Serres O. de, Le théâtre d’agriculture…, op. cit., septiesme lieu, chap. VII, p. 1156. In in : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600, Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 53, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[3] Loc. cit. In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 53, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[4] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 53, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
[5] comme le précisent parfois les plans terriers et les cadastres anciens : in : Par exemple : AD Seine-Maritime, 3 PP 368, matrice cadastrale du Mesnil-Lieubray (Normanville), sec (...)
[6] Estienne C. et Liébault J., L’agriculture et maison rustique…, op. cit., livre VI, chap. 21, f° 230 (...) in : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 54, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 54, Chapitre 8. Les lieux des plaisirs seigneuriaux : jardins, prés, parcs, vergers et garennes.
Le Colombier
Prenons l’évocation des colombiers
Le colombier est déjà connu à l’époque romaine sous le vocable de pigeonnier, en Normandie , permis d’être édifié par tous au XIII, la noblesse s’accapare de ce patrimoine à son dépend, il est intégré dans la Coutume de Normandie de 1583 en terme de droit de colombier.
« [1]S’il est vrai d’affirmer qu’en Normandie « le droit de bâtir colombier à pied et d’en jouir a toujours été tenu et réputé droit seigneurial (…) de sorte qu’il n’est loisible à personne de bâtir colombier sinon sur fief de haubert »[2], cette constatation est indiscutable au XVIème siècle depuis fort longtemps. »
Dans le pays de Caux, le colombier[3] est situé au centre de la masure close (clos-masure). Il est soit cylindrique soit polygonal ou carré. Sans s’attarder sur son architecture qui varie selon sa forme, il a pu être couvert de chaume, tuile plate et end=fin d’ardoises, bine plus tard.
« Du fait de la division des fiefs, le nombre des colombiers ne cesse de croître. Les premiers à en souffrir sont les paysans qui voient fondre des nuées de pigeons sur leurs semailles et leurs moissons. C’est à qui se mettra à semer le dernier pour éviter d’être pillé ! Ce sont ces préoccupations qui ressortent des cahiers de doléances au point de faire du droit de colombierl’un des premiers privilèges abolis dans la nuit du 4 août 1789. »[4]
Il n’était pas rare que les paysans tuaient les pigeons ravageurs ruinant parfois les terres toutefois sous la menace d’amendes ou de courts emprisonnements.
« Le plus souvent, le colombier est isolé dans l’enclos du manoir. (…) Dans le cas de manoirs à enclos multiples, le fait que l’on ait placé le colombier dans la basse-cour plutôt que dans la cour suggère que l’utilité agricole du bâtiment (l’élevage de pigeons pour l’alimentation et l’utilisation des déjections pour l’engrais) prévaut sur sa valeur symbolique. Celle-ci n’est cependant pas occultée pour autant puisque, quel que soit le nombre des enclos des manoirs, le colombier se voit de loin. (…) rares sont les exemples où le colombier n’est pas mis en valeur par une situation ou un traitement architectural particulier : soigneusement maçonné, en brique et pierre ou en pierre, il est généralement couvert d’ardoises, et souvent décoré de motifs polychromes obtenus par l’agencement de différents matériaux en parement (silex, pierre, brique et brique vernissée) et de motifs sculptés (moulures au bandeau horizontal médian et à l’ébrasement de la porte). (…) Enfin, on notera une caractéristique singulière qui se vérifie pour tous les édifices : la porte du colombier est toujours percée du côté du logis seigneurial. Il est vrai que les pigeons étaient exclusivement destinés à la table du seigneur. »[5]
D’après le Terrier de 1566, dans la principauté on peut dénombrer plusieurs colombiers à pied. Celui-ci était le plus prestigieux et le plus noble des colombiers, réservés aux pigeons.
« Les colombiers à pied[6] sont d’ailleurs les plus nombreux, les plus imposants, surtout dans les châteaux, manoirs, et abbayes du Pays de Caux,là où se trouvaient les plus grandes plaines céréalières. »
Dans son étude Serge Rouverand a recensé les colombiers du Canton d’Yvetot en decrivant ceux d’Allouville-Bellefosse, Baons-le-Comte, Bois-Himont, Ecreteville-les-Baons sans évoquer celui du clos-masure de Varenchel rue du Mont-Asselin.
Le colombier du Manoir du Mont-Asselin serait le premier recensé et trancris par l’historien Beaucousin les aveux rendus au Seigneur d’Yvetot par les sieurs de Mont Asselin, 7 janvier 1494, aveu de Guillaume Gombault, escuyer bourgeois de Rouen. Toutefois depuis la Révolution, il n’exise plus à l’endroit que l’Atlas Trudaine désigne. En revanche il sera peut-être remplacé plus tard par celui se trouvant dans la masure close de Varenchel qui selon la carte Etat-major de 1820-1866 y figurait. En revanche l’Atlas Trudaine de 1767 ne l’indiquait pas.
[1] In : Colombiers en Seine-Maritime, Normandie – Paysages.Architecture.Traditions, Serge Rouverand, Editions petit à petit, Darnétal, 2003, p.9.
[2] Terrien, Commentaires de droit civil tant public que privé au Duché de Normandie, 1554. In : Colombiers en Seine-Maritime, Normandie – Paysages.Architecture.Traditions, Serge Rouverand, Editions petit à petit, Darnétal, 2003, p.9.
[3] « En Normandie, on emploie le terme de colombier lorsqu’il s’agit d’une construction seigneuriale. Colombier vient du latin classique colombus continué en coulon, le pigeon classique. In : Le pays de Caux, vie et patrimoine, 3e édition augmentée, Patrick Lebourgeois, Editions des Falaises, Rouen, 2015, p.68.
[4] In : Le pays de Caux, vie et patrimoine, 3e édition augmentée, Patrick Lebourgeois, Editions des Falaises, Rouen, 2015, p.69 .
[5] In : La demeure noble en Haute-Normandie, 1450-1600 , Xavier Pagazani, Renaissance, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, Paragraphe 41, Chapitre 5. Le pourpris du manoir.
[6] In : Colombiers en Seine-Maritime, Normandie – Paysages. Architecture.Traditions, Serge Rouverand, Editions petit à petit, Darnétal, 2003, p.9.
Examinons ensemble celui décrit par l’aveu de 1494.
Comme on peut l’interpréter sur l’Atlas Trudaine (fig.) le colombier semble être positionné sur un îlot d’une petite mare circulaire sur l’emplacement actuel du chemin d’accès à la maison de ferme (ancien manoir).
Si son existence est avérée en 1764 en revanche elle ne l’est plus sur la carte[1] d’Etat-major de (1820-1866).
L’Atlas Trudaine nous aurait permis d’imaginer la situation du manoir de Taillanville à Saint-Clair sur les Monts, se trouvant à l’extérieur du faisceau que figure l’Atlas Trudaine, il n’est pas envisageable de se le représenter tout comme le manoir du Verger se situant au-delà du hameau de Réfigny et le manoir de Rétimare situé entre le hameau de Mezerville et le hameau du Verger
De même si nous pouvons observer selon l’Atlas Trudaine d’autres fiefs, l’absence d’aveux ne nous permet pas de les identifier comme pour le manoir du Mont-Asselin.
[1] Carte Etat-majour (1820-1866), section Yvetot, le Mont-Asselin, in : https://remonterletemps.ign.fr/comparer.