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L'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot [1021-2021] - Ivetot à Yvetot

08 - PART I - CHAPITRE III - 2eme PARTIE - L'HISTOIRE DU PATRIMOINE VÉGÉTAL D'YVETOT [1021-2021] DE 1021 à La Révolution Française - Expansion de son territoire, enclavé dans le Royaume de France - de 1021-1025 à 1494 : l'avènement du verger et de la masure cauchoise : exemple sur le Royaume - Manoir du Mont-Asselin - Paroisse de Sainte Marie des Champs

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Toutes les citations qui agrémenteront cet ouvrage m’ont été confiées et autorisées soit par leur auteur, soit par leur maison d’édition, soit par les archives locales, départementales… et cela depuis 2019

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08 - PART I - CHAPITRE III - 2eme PARTIE - L'HISTOIRE DU PATRIMOINE VÉGÉTAL D'YVETOT [1021-2021] DE 1021 à La Révolution Française - Expansion de son territoire, enclavé dans le Royaume de France - de 1021-1025 à 1494 : Après l'if, voici l'avènement du verger  et de la masure cauchoise : exemple sur le Royaume d'Yvetot - Manoir du Mont-Asselin - Paroisse de Sainte Marie des Champs

"Ce qui  dans le paysage est, en effet, continuité, ensemble, nature ou naturel, est mis en faillite par l'irruption de cet amas de maisons, d'où jaillit tantôt un château et ses tours crénelées, tantôt un clocher, et, de toute manière, une séquence discontinue de constructions. Voici le lieu-paysage interrompu, il cède la place au bâti, à l'artifice de l'architecturé. Une lutte s'engage : tandis que le paysage soutient et enveloppe le site, tout prêt, semble-t-il, à le digérer, cependant il est lui-même dominé par la puissance impérieuse du site. Qu'à cela ne tienne, le paysage-lieu aura sans doute raison de cette arrogance, car si le site triomphe, c'est  pour peu de temps seulement. Il sera détruit, pillé sans doute, abattu comme tout ce qui appartient au politique, au pouvoir et à l’ingéniosité humaine. Le site dit le temporel, le provisoire et, par sa présence indue et par les temps fragiles de son installation et de sa fin probable", il s'oppose à la logique du plein, de l'éternel immobile."

Anne Cauquelin, Petit Traité du jardin ordinaire, 2003 [1]

 

 

[1] Anne Cauquelin, Petit Traité du jardin ordinaire, Manuels Payot, Editions Payot & Rivages, Paris, 2003, p.86.

Jusqu’au milieu du 16e siècle le paysage de la principauté demeure stable, il faut attendre Martin du Bellay pour la physionomie du bourg se modifie.

Auparavant malheureusement on ne sait que peu de choses sur la principauté d’Yvetot, sur la configuration du bourg, sur ses patrimoines.

Le plus loquace sera Beaucousin au 19e siècle.  Tougard et Couasnon[1] , tout en s’appuyant sur les travaux de Beaucousin qui lui prirent une dizaine d’années,  mettront l’accent  sur d’autres aspects de l’histoire de la principauté : la fiscalité et le paradis fiscal de la principauté pour l’un, les figures princières de l’autre.  

Je commencerai cette histoire sur la description la plus ancienne qui nous intéresse aujourd’hui celle la plus anciennement datée que Beaucousin a repérée en feuillant les archives de la principauté : 1494

En cette fin de siècle 1494 est une année de transition puisqu’à Jehan Baucher[2] (1471-1494) lui succède Jacques Chenu dans la lignée de la famille Chenu. (1494-1498).

Dans les enjeux de succession, après le décès de Guillaume Chenu, son époux, en attendant la majorité de son fils ainé Jacques, Clémence de Dresnay épousa Jehan Baucher :  Par ce mariage avec la veuve Chenu, il devient roi d’Yvetot. N’ayant que peu de revenu, il chercha à s’accaparer la principauté à son profit. Délaissant Clémence pour des campagnes militaires car sa passion pour la vie des camps remplissait ses désirs.

Son règne s’acheva par un désaccord avec son épouse ayant l’un pour l’autre des sujets de mésentente et de discorde.

Clémence de Dresnay défendit ses interêts et ceux de ses enfants, c’est ainsi qu’à son décès en cette fin d’année 1494, Jacques son fils ainé s’employa à devenir propriétaire incontesté de la Seigneurie officiellement  le 7 janvier 1495 malheureusement son règne ne fut que de courte durée puisqu’il mourut vers le milieu de l’année 1498.                

Sans Beaucousin nous ne saurions que peu de choses véridiques que l’histoire de la ville dont les racines et les contours se mêlent avec celles de Saint-Clair, de Sainte-Marie-des-Champs et une partie du bourg d’Ecalles-Alix.

Celui qui m’a aidé à saisir ce fil d’Ariane est Philippe Gaury qui dans un article paru dans la Gazette indique les sources et les archives qui ont servi à Beaucousin.

Si le travail de recherche de Beaucousin fut exceptionnel celui de Gaury l’est tout autant car la problématique des archives c’est la mouvance, le nomadisme et leur conservation  qui les animent comme l’avait déjà constaté Beaucousin.[3]

En avant-propos de son ouvrage il écrit ceci : « le fonds même du travail me manquait. Yvetot ne possède ni papiers anciens, ni archives, et, à l’exception d’une lettre de Jehan Baucher, rien, absolument rien, n’y rappelle le passé. On tenait même pour constant que tous les papiers de la Principauté avaient été brûlés sur la place publique pendant la tourmente révolutionnaire, et des hommes, que leur science et leurs travaux rendent entre tous compétents sur ces matières, m’affirmaient que mes recherches demeuraient inutiles, et ils m’engageaient à y renoncer »

Il poursuit ainsi : « Néanmoins je persévérai dans mon dessein, me proposant uniquement de recueillir les pièces qui pourraient avoir échappé au naufrage (…) Du reste, je ne me dissimulais pas la longueur et les difficultés d’un tel travail ; mais je ne me flattais qu’il me réserverait plus d’une  plus d’une surprise agréable qui viendrait me dédommager de mes efforts. Mes espérances se sont réalisées, et au-delà. »

Il explora les anciens cartulaires des abbayes normandes puis les Archives nationales de Paris ainsi que celles de la Seine-Inférieure, celles de l’Echiquier et du Parlement de Normandie, celles du Tabellionage de Rouen, les manuscrits de la Bibliothèque nationale et de Rouen. Ces pièces isolées rassemblées ne furent pas d’une grande utilité.

Les plus belles pièces il les trouva dans les héritiers de la famille qui possédait la Principauté d’Yvetot au moment de la Révolution.

Son intuition fut audacieuse et bénéfique car c’est auprès du baron de Vauquelin des Chesnes, petit-fils de Camille d’Albon qu’il consultât les papiers les plus intéressants.

M. de Vauquelin lui mit à sa disposition en son château d’Ailly, près de Falaise où il put feuilleter une quantité de liasses du chartrier[4] aux contenus relatifs à la Principauté d’Yvetot qui avaient échappé à la destruction en 1793.

Il put faire copie entière de plus de quatre cent pièces « d’une grande importance pour l’histoire d’Yvetot[5] » écrira-t-il. Il ajouta qu’après les avoir copié lui-même, il lui était plus facile d’entreprendre ce travail d’écriture s’appuyant sur des faits et événements vrais et indiscutables lui permettant d’exposer et de mettre en lumière des faits et évènements inédits et inconnus jusqu’à présent.

Encouragé par quelques-uns de ses amis, il finit par se décider à écrire l’histoire de l’ancienne Principauté d’Yvetot ce qui lui prit plusieurs années, encouragé par son épouse atteinte d’une longue maladie qui l’empêcha malheureusement de la voir achevée.

De mon côté après avoir décidé d’écrire l’histoire du patrimoine végétal  d’Yvetot en ce milieu d’année 2019, j’ai éprouvé  les mêmes écueils à entreprendre ce projet de recherche.

En effet je me suis rendu compte très tôt que l’entreprise serait complexe, périlleuse et longue car l’objet fusse-t-il contemporain ou dans l’air du temps, je me suis aperçu que je ne pourrai pas m’appuyer sur aucune autre recherche à propos d’une autre cité, tout au moins en France métropolitaine. Si la période contemporaine possède des ressources au plan local des documents d’archives, des plans, des registres je me suis vite rendu compte que rechercher des sources d’avant-guerre serait compliqué.

Les archives d’Yvetot sont modestes, incomplètes et fragmentées. Finalement il me fallait trouver les archives de Beaucousin[6] qui se sont imposées au travers de mes recherches documentaires. Ce fut la Gazette[7] du patrimoine cauchois qui me révéla le travail de Philippe Gaury, membre du C.E.P.C., auteur de « Il était une fois de Barentin à Yvetot »

Invité et conseillé par un des responsables du service de l’accueil et de l’iconographie au pôle Grammont et d’un service aux archives d’architectes au centre des archives de Darnétal, j’ai pu consulter les pièces majeures du fonds Beaucousin susceptibles d’enrichir ma connaissance dont le fameux 1 ER 2186, terrier de 1566 et le 174 Fi : album Beaucousin avec plans, photos et dessins.

Philippe Gaury[8] insiste sur la nature du 1 ER 2186 représentant « une mine de renseignements très précis permettant d’apprécier le foncier au XVIème siècle. » Ce registre décrit les fiefs suivants dans la principauté dont celui du Mont-Asselin, celui de Cretot, le fief au Sauvage, le fief Thierry, le fief Morant, le fief au Patit, le fief Louvel, le fief Bouquelon[9] (avec manoir, aujourd’hui le Verger), le fief au Gros, le fief Lamy.

Le fief qui semble le plus ancien décrivant un ensemble de patrimoine architectural et naturel est  désigné comme le fief du Mont-Asselin dont l’aveu en 1494 par le sieur  Guille Gombault. Cette description transcrite par Beaucousin sera le point de départ de cette histoire du patrimoine végétal d’Yvetot. J’ai longuement hésité  entre cette date et celle de 1348 à propos du fief de Taillanville rassemblés dans le  I ER 2188 fonds des archives départementales de Seine-Maritime mais l’absence d’atlas (carte ou plan) couvrant cette portion du territoire ne permet pas de se représenter ce fief de manière tangible et fiable comme pour celui du Mont-Asselin, fief le mieux décrit dans l’état actuel de mes connaissances.

D’autres lieux et lieux-dits désignent encore des possessions territoriales  du royaume d’Yvetot, antérieures ou contemporaines à celles du fief du Mont-Asselin (12e siècle) Taillanville[10] (14e siècle) comme Le Meniltat (au 13e siècle), le Verger, et le Carquelay (Carclif au 11e siècle). N’ayant pas de documents précis sur cette antérorité, leur description sera évoquée à propos du plan terrier de 1566 sur lequel nous reviendrons plus loin.

 

Fidèle aux principes de Beaucousin sur la nécessaire véracité des faits et des sources inattaquables, je m’attache à l’évocation de ce fief du Mont-Asselin conformément à l’aveu de 1494.

Cette description est pertinente pour la position géographique du lieu dont les pièces de terre sont situées  partiellement sur trois paroisses de la principauté : Yvetot, Sainte-Marie-des-Champs, Saint-Clair-sur-les Monts.

 

 

[1] Serge Couasnon a légué doublement une page d’histoire à la ville d’Yvetot. Entre 1983 et 1991, il  a été  pendant huit années,  conseiller municipal dans cette ville  de Seine-Maritime, capitale du pays de Caux et il publia une dizaine d’années plus tard un ouvrage intitulé Le petit Roi d’Yvetot, sorti  en 2005. In : Serge Couasnon, Le petit Roi d’Yvetot, Editions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2005, p.61

[2] In : Histoire de la  principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, chapitre huitième.

[3] In : Histoire de la  principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, avant-propos p.V à VIII.

[4] Beaucousin précise qu’ « à l’occasion d’un procès, ces papiers avaient été envoyés à Paris chez l’avoué de la famille. Ils y restèrent pendant toute la Révolution, enfermés dans plusieurs caisses et déposées dans un grenier. Lorsque l’ordre et la sécurité eurent complétement rétablis, ils furent remis à leurs propriétaires. Après le décès de M.le baron de Vauquelin, en 1882, les titres de la principauté sont devenus la propriété de M. le  comte de Vigneral, l’un de ses héritiers » in (1) : Histoire de la  principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, avant-propos p.VI.

[5] In : Histoire de la  principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884, avant-propos p.VII.

[6] Léonard-Auguste Beaucousin, naquit à Yvetot en 1827 dans une famille de commerçant. Elève de l’Institution ecclésiastique d’Yvetot, fervent catholique, il donna beaucoup de son temps à l’institution et au conseil de fabrique de sa paroisse. L’histoire ancienne de sa ville natale le passionna, et il entreprit d’importantes recherches dans divers fonds d’archives après la guerre de 1870. Il en tira des articles et publications importantes. Beaucousin mourut chez lui, 10 rue de la Mare Neuve le 23 avril 1907 (rue Thiers), dans une maison appartenant aujourd’hui à M. Jean Quelquejay.  Philippe Gaury livre dans ce bulletin de la Gazette du  patrimoine cauchois un relevé non exhaustif  du fonds Beaucousin. In : La gazette du patrimoine cauchois, bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes du Patrimoine Cauchois »,  n° 23 – 2e  semestre 2004, p. 9.

[7] In : La gazette du patrimoine cauchois, bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes du Patrimoine Cauchois »,  n° 23 – 2e  semestre 2004.

[8] In : La gazette du patrimoine cauchois, bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes du Patrimoine Cauchois »,  n° 23 – 2e  semestre 2004, p.14.

[9] Robert Chenu, écuyer, seigneur de Mezerville, fils naturel de Jehan Chenu vicomte d’Yvetot, avouait tenir le manoir de Bouquelon à cette époque. In : La gazette du patrimoine cauchois, bulletin de liaison du « Cercle d’Etudes du Patrimoine Cauchois »,  n° 23 – 2e  semestre 2004, p.14.

[10] Jehan et Taillanville « Jehan d’Yvetot, premier connu de sa race, portait pour armoiries : d’azur, à la bande d’or, accompagné de deux cotices  de même. Richard d’Yvetot de Taillanville portait les mêmes armes, mais elles étaient brisées d’un lambel de gueule, pour indiquer qu’il appartenait à une branche cadette. Ces armes ont toujours été celles de la famille d’Yvetot, et elle les a conservées jusqu’à son entière extinction, au commencement du XVe siècle » In : Histoire de la  principauté d’Yvetot, ses rois, ses seigneurs, Beaucousin, Métairie- Delamare, Rouen-Yvetot, 1884,  p.16

 

A propos de l'avènement du verger et de la cour-masure en pays de Caux, on peut signaler que l'ouvrage de David Marescot mentionne que le fief du Verger  existait en 1428. Aujourd'hui sur la commune d'Yvetot existe une cour-masure, rue du verger, témoignage d'une des fermes de l'ancien manoir du Verger sur lequel a été reconstruit le chateau de Maseilles que les yvetotais connaissent sous le vocable de "chateau de Marescot".

En effet, Au 11ème siècle et 12ème siècle, le terme "pomme" apparaît dans la langue française dans la chanson de Roland. Au XIe siècle et les croisés vont ramener le savoir-faire de la greffe en Normandie et l'art du pépin. Le « Sire d'Yvetot » - 1096 - partit avec Robert, Duc de Normandie pour la Terre Sainte lors des Croisades. Ils revinrent en 1099. G. David-Marescot estime que c'est à partir de cette époque que les premiers vergers furent créés dans le Pays de Caux,  ainsi dès le Moyen Âge, la Normandie devient le principal verger de France et contribue au développement du cidre. Il faudra attendre le XVe siècle pour connaître un véritable développement du pommier à cidre dans le pays de Caux. La boisson (cidre léger obtenu en seconde pression après macération du marc) était devenue un substrat pour l'eau des bassins souvent impropre à la consommation. » G. David-Marescot mentionne que le fief du Verger était déjà situé - le 3 février 1428 - dans la paroisse de Saint-Clair-sur-les-Monts et le royaume d'Yvetot.

Beaucousin cite : "Dans la paroisse de Sainte-Marie-des-Champs et de Saint-Clair-surLes-Monts, il y a un quart de fief nommé le Verger, appartenant à Marc de Houdetot, tenu par Roy nostre sire". Cette terre appartenant à la famille Houdetot aurait été obtenue par une donation royale comme le mentionne G. David-Marescot.

Nous aurons l'occasion de revenir sur ce dit Manoir du Verger  cité dans le Plan Terrier de 1566.

Dans la partie suivante et en l’absence d'une représentation cartographiée en 1494, Beaucousin par sa transcription nous renseigne sur les différents hameaux constitutifs de la paroisse de Sainte-Marie-des-Champs et plus particulièrement celui du manoir du Mont-Asselin, "idéale cour masure et son manoir décrit par le plan terrier de 1566 dont la plan Trudaine nous en montre les contours de 1764.

 

G.David Marescot est l'auteur de "De César à Henri IV au Pays des Calètes (Pays de Caux)", Editeur : Bretteville Frères, 20/12/1955.

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