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L'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot [1021-2021] - Ivetot à Yvetot

003 - Part I - Chapitre I -   L'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot [1021-2021] De 1021 à la Révolution française - Réflexion sur l'évolution du paysage cauchois et son évolution au temps de la principauté d’Yvetot – Yvetot au cœur du Pays de Caux.

003 - Part I - Chapitre 1  

L'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot [1021-2021] De 1021 à la Révolution française 

Réflexion sur l'évolution du paysage cauchois et son évolution au temps de la principauté d’Yvetot.

Yvetot au coeur du Pays de Caux.

"Ce qui dans le paysage est, en effet, continuité, ensemble, nature ou naturel, est mis en faillite par l'irruption de cet amas de maisons, d'où jaillit tantôt un château et ses tours crénelées, tantôt un clocher, et, de toute manière, une séquence discontinue de constructions. Voici le lieu-paysage interrompu, il cède la place au bâti, à l'artifice de l'architecturé. Une lutte s'engage : tandis que le paysage soutient et enveloppe le site, tout prêt, semble-t-il, à le digérer, cependant il est lui-même dominé par la puissance impérieuse du site. Qu'à cela ne tienne, le paysage-lieu aura sans doute raison de cette arrogance, car si le site triomphe, c'est pour peu de temps seulement. Il sera détruit, pillé sans doute, abattu comme tout ce qui appartient au politique, au pouvoir et à l’ingéniosité humaine. Le site dit le temporel, le provisoire et, par sa présence indue et par les temps fragiles de son installation et de sa fin probable", il s'oppose à la logique du plein, de l'éternel immobile." Anne Cauquelin[1]

Pour faire le portrait d’Yvetot, pour décrire ses multiples visages, il faut d’abord la situer dans son environnement au cœur du Pays de Caux. Elle fut jadis une principauté regroupant les paroisses de Sainte-Marie-des-Champs et Saint Clair-sur-les-Monts ainsi qu’une partie d’Ecalles-Alix.

Regardons-là tout d’abord telle qu’elle est perçue aujourd’hui. En 2013 Le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine normande publie un premier guide consacré à Yvetot.

"Des villages, des champs, la campagne cauchoise... enfin, d'où que l'on vienne, la ville d'Yvetot apparaît. On croise d'abord une ancienne ferme, un lotissement ou une zone commerciale puis les maisons se resserrent, deviennent mitoyennes. Les îlots du centre sont à un pas. A mesure que l'on s'approche du Mail ou de la rue des Victoires, artères commerciales de la ville, la verdure disparait. Pourtant, elle ne s'évanouit pas totalement, ou plutôt, elle se cache derrière les maisons. Derrière les murs de clôture. Ville et campagne restent intimement mêlées."[2]

Cette description d’Yvetot, petite ville de province, est conforme à la réalité du 21e siècle.

Gérard Pouchain[3] après avoir longuement étudié les auteurs normands du 19e siècle s’est penché sur l’œuvre de Bernardin de Saint-Pierre[4].  Celui-ci dépeint le pays de Caux avec beaucoup de justesse, l’ayant traversé à pied en 1775, s’arrêtant pour la nuit à Yvetot. Ce normand[5] originaire du Havre décrit avec une grande justesse la richesse de ce territoire.

« Le pays de Caux est le pays le plus fertile que je connaisse au monde. Ce qu’on appelle la grande agriculture y est porté à sa perfection. L’épaisseur de son humus, qui a en quelques endroits cinq à six pieds de profondeur, les engrais que lui fournit le fond de marne sur lequel il est élevé, ceux qu’il tire des plantes marines de ses rivages, qu’on répand à sa surface, concourent à le couvrir de superbes végétaux. Les blés, les arbres, les bestiaux, les femmes et les hommes, y sont plus beaux et plus robustes que partout ailleurs : mais comme les lois y ont donné dans toutes les familles les deux tiers des biens de campagne aux aînés, on y voit, d’un côté, la plus grande abondance, et de l’autre une indigence extrême »[6]

Yvetot est située au milieu du plateau cauchois sur l’un des points les plus élevés du département de la Seine-Inférieure, devenu la Seine Maritime en 1953. Cependant son altitude varie de 83 mètres à 157 mètres car ses « fonds » au sud-est sont les terminaisons naturelles du bassin versant de la Seine.

Pour illustrer cette diversité de paysages, nous avons la chance de pouvoir consulter l’Atlas de Trudaine qui est l’un des meilleurs outils pour se représenter les paysages 18e siècle, qu’ils soient citadins, ruraux ou agricoles. Cet Atlas représente le plateau de Caux entaillé par de nombreuses vallées comme on peut les contempler[7] à Bolbec, Gruchet, et Yvetot, mais également le plateau sommital comme vers Ecalles-Alix.

L'Atlas des routes de France dit Atlas de Trudaine figure parmi les plus grands atlas géographiques routiers de France. Cet atlas, réalisé entre 1745 et 1780 sur ordre de Daniel-Charles Trudaine, administrateur des Ponts et Chaussées, vise à cartographier finement les routes et leurs abords.

« Les atlas des routes de France dits Atlas de Trudaine constituent une collection unique et homogène de soixante-deux volumes totalisant plus de 3 000 planches manuscrites soigneusement aquarellées. Ils portent, aux Archives Nationales (anciennement Centre historique des Archives nationales (CHAN)) à Paris, les cotes CP/F/14/*8443 à 8507. Réalisés entre 1745 et 1780 sur ordre de Charles Daniel Trudaine, administrateur des Ponts et Chaussées, ils comportent les routes faites ou à faire (et leurs abords immédiats) dans les vingt-deux généralités des pays d'élections régies par des intendants. Les pays d'états (Bourgogne, Provence, Languedoc et Bretagne) ainsi que les pays d'imposition (régions frontalières conquises sous Louis XIV) sont exclus de cette couverture cartographique, sauf la généralité de Metz (trois atlas) et le Haut-Cambrésis (trois atlas aussi). »[8]

Ces atlas forment une documentation précieuse et très recherchée sur les paysages français du 18e  siècle. On y trouve notamment la représentation des lieux habités, des bois, des cours d'eau et des routes, des édifices isolés (croix, calvaires, châteaux, moulins, usines, carrières...), les plans de masse des ouvrages d'art proches des routes ou construits sur celles-ci. Plusieurs liens vous aideront à découvrir ces fameux documents.[9]

La situation géographique privilégiée d’Yvetot lui confère le titre de capitale du Pays de Caux. Positionnée à dix kilomètres à vol d’oiseau de la vallée de la Seine, Yvetot a rejoint tout naturellement le Parc Naturel Régional de Brotonne devenu plus tard le PNR des Boucles de la Seine normande.  

« Situé au nord de la Seine et bordé par la Manche, le pays de Caux occupe un large plateau caractérisé par de légers mouvements de terrain marquant le point de départ de vallées conduisant au fleuve ou à la mer. En effet, le réseau hydrographique du pays de Caux est caractérisé par une ligne de partage des eaux situé à environ 170 m d’altitude séparant le territoire en deux d’est en ouest »[10]

La situation particulière d’Yvetot, sur un des sommets de ce plateau crayeux, ligne de partage des eaux, a entraîné un déficit hydrologique. Les hommes ont longtemps compensé en créant puits, mares et citernes avant qu’au début du 20ème ne soit créé un système de pompage permettant d’acheminer l’eau de la Durdent jusqu’à Yvetot à 10 km à vol d’oiseau.

Le puit, la mare et la citerne

Yvetot a longtemps souffert du manque d’eau, un seul puit fut creusé au temps du couvent des Bernardines au 16e siècle. Après un saccage -1592 -  et trois incendies ravageurs - 1418 ; 1680 ; 1688 - après ces deux derniers incendies successifs,  les princes d’Yvetot durent aménager préventivement plusieurs mares à proximité du centre-bourg.

« […] à cause du sous-sol calcaire il est difficile de retenir l’eau sur le plateau. Pendant des siècles, la mare a assuré les besoins nécessaires à l’alimentation des hommes et des animaux ainsi qu’à la lessive »[11]

Le lieu-dit Retimare, à Yvetot est déjà cité au temps des invasions vikings.

L’eau de pluie ne pouvait être canalisée sur les toits traditionnels de chaume, les habitants du pays de Caux ont dû attendre l’arrivée de l’ardoise et des gouttières au 19e siècle pour y parvenir et ainsi créer des citernes.

« C’est un véritable changement ! On dispose alors de l’eau à domicile ! Posséder une citerne à côté de l’habitation devient donc synonyme de confort et de progrès. »[12]

Au 19e et 20e siècles, bon nombre de mares ont été rebouchées ou condamnées.

Aujourd’hui au 21e siècle, dans les quartiers périphériques et derrière les façades des plus anciennes rues préservées d’Yvetot, la plupart des yvetotais ont sauvegardé leur citerne - une citerne pour deux maisons, selon le droit d’usage –

Cette construction vernaculaire représente à mes yeux un patrimoine oublié, négligé à recenser et à préserver.

Le(s) pays de Caux

 

Histoire de ses limites et contours

d’hier à aujourd’hui

 

 

Essai

 

 

Pascal Levaillant

Artiste-auteur, botaniste et plasticien

Canteleu

 

 Septembre 2024

 

 

« Le Pais de Caux » de Cassini,

Cassini fut un ami proche de Camille III d’Albon, prince d’Yvetot.

L’idée de revenir sur cette question des limites et des contours du pays de Caux m’est venue en 2020 suite au démarrage de mon récit sur l’histoire du patrimoine végétal d’Yvetot, suite à de nombreux ouvrages que j’ai consulté sur le pays de Caux et la nature des masures cauchoises autrement nommées « clos-masure » ». Enfin suite au fait que le dossier de candidature d'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO des clos-masures n'ait pas été retenu en 2023, j’ai cherché à compléter mes recherches pour comprendre davantage ce pays de Caux.

Depuis longtemps Yvetot a été élue capitale du pays de Caux en même temps ou juste après qu’elle ait été Royaume puis principauté jusqu’à la Révolution Française.

Ainsi je me suis penché sur les limites du pays de Caux tout en l’arpentant de toutes parts. Longtemps j’ai cru que ses limites à l’est épousaient l’axe de l’affaissement passant notamment à Fréville et à Croix mare, à Mesnil-Panneville surplombant ainsi l’arrière-pays vers Rouen et fuyant vers Clères et Buchy.

Certaines de mes lectures que je cite dans cet essai m’ont invité à franchir plusieurs frontières situées bien plus à l’ouest.

En parallèle, explorant ce que je pensai être la cour-masure que j’ai découvert dans ma prime jeunesse visitant ma famille du pays de Caux, j’ai interrogé ce vocable très usité en pays de Caux et qui d’un seul coup en 1968 s’est transformé en « clos-masure ».

Explorant depuis 2020 ces deux champs d’investigation, vis-à-vis d’un certain nombre d’idées reçues, j’ai mis en hypothèse plusieurs constats :


- les contours du pays de Caux sont-ils véritablement délimités et font-ils l’unanimité ?
- la locution « clos-masure » de 1968 est-elle pour autant inscrite au dictionnaire de la langue française ? même si cette locution est entrée récemment dans le langage courant, se redéfinissant sur la description de la
masure cauchoise (antérieure bien avant à 1866) et/ou de la cour-masure, locution apparue en 1866. Pour la partie recherche sur la masure cauchoise, je suis reparti du moyen-âge qui a redessiné le pays de Caux, suite à des invasions vikings mais aussi grâce à des défrichements qui ont permis de voir apparaitre des habitations (masure) et des hameaux s’agrégeant en paroisse (village).

Puis, dans le cadre de mes recherches sur l’activité cidricole au 19e siècle en pays de Caux [1] je me suis aperçu que la dimension du verger, inscrite dans la masure cauchoise, l’était tout autant dans les pommeraies, dans les closages, dans les vergers des masures cauchoises, des vergers conservatoires ou encore jadis dans le verger-école de Quincampoix, dans les pépinières de Frichemesnil, d’Yvetot et de Boisguillaume, et ceux situés jusqu’à la pointe de Caux. Pour illustrer ce patrimoine végétal et fruitier, qui définit également le territoire du Pays de Caux à titre d’exemple, je citerai un extrait éloquent publié en 1911 :

« Le département de la Seine-Inférieure comprend deux principales régions agricoles le pays de Caux et le pays de Bray. Le pays de Caux, de beaucoup le plus important, est formé de l'arrondissement du Havre de la plus grande partie de l'arrondissement d'Yvetot et d'une partie des arrondissements du Dieppe et de Rouen ; son étendue approche de 341.000 hectares. C'est un vaste plateau irrégulier et ondulé, découpé par des vallées étroites et profondes, constitué par une épaisse couche d'argile reposant sur de fortes assises de craie. Les pommiers sont cantonnés dans les herbages enclos de levées de terre couronnées d'arbres ; on donne à ces champs le nom de « masures ». En raison de la variabilité de la composition des vergers, M. Brioux a examiné la répartition des variétés dans les principaux centres du pays cauchois. [2] »

Ce sont, la masure cauchoise, les pommiers, l’agriculture et l’unicité géographique et topographique du plateau sommital du pays de Caux entrecoupé de ses vallées qui sont surement les aspects qui le délimitent le mieux comme on pourra l’observer sur les trois propositions de cartes soumises en fin de document.

Quelles sont les limites du Pays de Caux et comment se caractérise-t-il ?

Difficile de réduire le Pays de Caux à une seule image et à une seule interprétation tant ses paysages sont variés, entaillés de toute part vers la Manche et vers la Seine.

Ce vaste espace rural offre une multitude de « paysages » à tel point que bon nombre de spécialistes et d'auteurs de toutes époques se sont emparés de cette question fixant les contours du peuple des Calètes de la Gaule Belgica pour les restreindre au fil du temps aux limites de la Picardie actuelle, excluant le Vexin et le pays de Bray puis plus récemment le Petit Caux (De Dieppe au Tréport)

Ainsi la difficulté actuelle reste majeure de fixer les limites et les contours de ce qu’on appelle le pays de Caux. 

Pour saisir notre contemporanéité qui agrège plusieurs analyses dont se sont emparés depuis le 19e siècle géographes, historiens, spécialistes du paysage, architectes, toponymistes, topographes, cartographes, auteurs…  J’ai choisi pour commencer de m’appuyer sur plusieurs documents.

Celui de Alain Roquelet et Daniel Fauvel tout d’abord ; celui de David Gaillard [3]  se référant à  Mensire [4] (critères historiques et géographiques) mais aussi sur celle de Sion (1907) sur des critères géographiques, paysagers et sociaux, de Ridel (2003) sur des critères historiques, toponymiques et paysagers ;  de Sabine Derouard (1998) aux critères (aux contours proches de celle de Mensire) cartographiés dans l'ouvrage :  Clos-masures et paysage cauchois, CAUE 76, Editions point de vues, 2008. et un quatrième publié par la D.R.E.A.L.[5].

La proposition de délimitation spatiale d’Alain Roquelet [6] et Daniel Fauvel [7] en 1978 se traduit ainsi :

« Le pays de Caux typique est celui qui s’étend sur le plateau limoneux, balayé par les vents d’ouest qui apportent des précipitations supérieures à celles de la vallée de la Seine et du Bray. […] Les « limites » orientales ne passent pas par une ligne bien précise : c’est plutôt une zone où s’estompent progressivement les fondements géographiques, historiques et culturels qui caractérisent le Pays de Caux. […] »

« Le Pays de Caux constitue une unité géographique bien précise, caractérisée par son paysage agraire, sa richesse agricole, ses coutumes, et bien d’autres aspects encore. Il s’est toujours distingué du Pays de Bray et de la vallée de la Seine [8]. » […] Ses caractéristiques [9] :  Le plateau cauchois, d’une altitude supérieure à 100 m, est formé d’argile à silex sous-jacent. Un limon fertile fait de cette région, une riche terre à cultures qui a étonné maint voyageur de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle par l’aisance de ses habitants.

Du point de vue climatologique, des précipitations fréquentes et de forts vents d’ouest sont les deux caractéristiques dominantes. […] »

Ils ajoutent à propos de Sion [10] : « mais il existe également des limites « internes » : plateau et vallée diffèrent tout en se complétant. En effet, nous dit SION[15], si « vers Buchy, Gournay, Lyons, (les villageois) appellent Cauchois les moissonneurs qui viennent des environs d’Yvetot se louer pour la coupe du blé et du foin, vers Boos ils conservent longtemps ce surnom aux fermiers originaires des mêmes régions qui leur disputent les locations foncières ; par contre, aux abords de Goderville, de Fauville, on ne daigne pas comprendre sous cette dénomination les ménagers des contrées plus pauvres qui avoisinent Lillebonne ou Caudebec ». Voici marquée la différence, pour ne pas dire l’opposition qui existe entre Brayons et Cauchois d’une part, et entre « Cauchois » de la vallée et « vrai » cauchois du plateau »

Examinons maintenant ce qu'en disait Jean Canu [11] qui reste la plus proche de l'actuelle proposition de la D.R.E.A.L.

" Né à Rouen d'un père depuis longtemps établi à Rouen et d'une mère normande, élevé à Rouen, passant aux portes de Rouen la plus grande partie de son existence, Flaubert acquit peu à peu, et tout naturellement, une connaissance intime et profonde de cette ville et de ses environs. Ses relations de famille, ses amitiés, ses voyages de vacances à Trouville et à Pont-l'Evêque, le mirent en contact avec d'autres aspects de la terre normande, mais son expérience prolongée des hommes et des choses n'a guère dépassé les limites du pays de Caux, ce plateau crayeux qui tombe par de blanches falaises, au Sud sur la vallée de la Seine, au Nord-Ouest sur la Manche au Nord-Est sur le pays de Bray et la Picardie, à l'Est enfin sur la vallée de l'Andelle, réalité géographique si nettement différente  des régions environnantes qu'elle formait dès avant la conquête romaine une unité distincte, et qu'elle garde aujourd'hui encore sa personnalité. Avant que d'être normand, Flaubert est cauchois, et c'est une couleur cauchoise qu'il a donné à Madame Bovary. »

Jean Canu rapporte une remarque faite par Flaubert vis-à-vis des cauchois « […] un enterrement qui lui montre de braves Cauchois moins soucieux de leur deuil que de leurs arbres fruitiers.[12] »

Selon la DREAL, la superficie du pays de Caux apparait comme la plus vaste et les paysages les plus variés.

 

[1] Les fruits de pressoir - pomme et poire - Le cidre par les pépiniers de Seine-Inférieure et du pays de Caux, Histoire, modes de diffusion, de reproduction par la greffe et par les semis (pépins) : Une histoire de la transmission des savoir-faire Normands, plus particulièrement en pays de Caux (Seine-Inférieure) par le collectif Corblin-Levaillant 2020-2024

[2] In : Etude de Jules Félix, in La Gazette du village : journal républicain, politique et agricole, publiée sous la direction de M. Victor Borie, Paris, 1911, p.88 – in : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k120581b/f88.item

[3] Le clos-masure en pays de Caux : vers une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ? David Gaillard
Études Normandes, Année 2017 3-4-1 pp. 68-74 in :
https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_2017_num_3_1_3577

[4] Le Pays de Caux : son origine, ses limites, son histoire / Raymond Mensire, Livre, Mensire, Raymond, Edité par Ed. du Bastion. s.l. – 1984 : En effet Raymond Mensire situe la frontière est du pays de Caux, partant du Trait vers Carville ; Freville ; limite Est de Bouville, Mesnil Panneville, Limésy ; limite Ouest de Butot et de Grigneville, et remontant vers Dieppe jusqu'aux falaises aval de Dieppe.

[5] Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Normandie est un service déconcentré de l'État français.

[6] En 1978 M. Alain Roquelet est Conservateur aux Archives de la Seine-Maritime

[7] En 1978, M. Daniel Fauvel était Professeur du service éducatifs des Archives de la Seine-Maritime. Il est Docteur en histoire. - Professeur agrégé à la retraite, aujourd’hui membre de l’association des amis de Flaubert et de Maupassant.

[8] In : Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècles (1750-1900) Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p.XVII

[9] In : Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècles (1750-1900) Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p.XI .

[10] Sion (J.). - Les paysans de la Normandie orientale. – Paris, libr. A. Colin, 1909. In : Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècles (1750-1900) Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p.XI. (voir bibliographie)

[11] In : Article de journal, La "Couleur Normande" de Madame Bovary, Jean Canu, PMLA, Vol. 48, No. 1 (mars 1933), pp. 167-208 (42 pages), https://www.jstor.org/stable/457979 - Jean Canu  (1898-1989)Agrégé d'histoire et de géographie, licencié ès lettres et titulaire d'une capacité en droit. - Professeur à la faculté de lettres de Paris et professeur Emeritus de l'université de Georgestown (Washington) – In : https://data.bnf.fr/fr/13008985/jean_canu/

[12] 1 Flaubert, Correspondance, II, 35.-Au cours de ce travail, nous renvoyons toujours la nouvelle Edition Conard de la Correspondance de Flaubert. In : Article de journal, La "Couleur Normande" de Madame Bovary, Jean Canu, PMLA, Vol. 48, No. 1 (mars 1933), pp. 167-208 (42 pages), https://www.jstor.org/stable/457979

Délimitation du pays de Caux, vue par la DREAL [1] :

La Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Normandie est un service déconcentré de l'État français.

Le pays de Caux

"Le Pays de Caux est globalement composé d’un immense plateau vallonné, entaillé de vallées et situé entre la Manche et la vallée de la Seine. L’habitat caractéristique est celui des clos-masures, isolés ou regroupés en villages et en bourgs. Le plateau se divise lui-même en six parties. Les critères de différenciation des paysages s’appuient sur la proximité de la mer et l’organisation de l’habitat : Le Caux maritime forme le premier ensemble. Le long de la côte de la Manche, sur une largeur de 10 km environ, l’influence maritime se perçoit avec ses vents permanents et un habitat plus rare, privilégiant les replis des petites vallées.

Le Cap d’Ailly se singularise nettement du Caux maritime par la présence d’une végétation acidophile, atypique en Haute-Normandie associée à un habitat balnéaire de grande qualité.

Le pays de Caux autour d’Yvetot et de Doudeville, et dont la limite orientale s’appuie sur les vallées de la Varenne et de l’Andelle, se caractérise par la présence de grands clos-masures regroupés en hameaux et villages.

La pointe de Caux, limitée par la vallée de Bolbec, compte peu de villages mais un habitat dispersé et isolé, de grandes ou petites fermes.

Le Caux au nord du Havre, dominant l’estuaire, accueille une grande partie de l’agglomération du Havre. C’est un territoire de grande dynamique urbaine.

Le Caux autour de Rouen, qui ceinture et englobe une partie de la ville de Rouen, voit ses villages se transformer avec de nombreuses extensions d’habitat et d’activités sous l’influence urbaine de l’agglomération.

Les vallées s’organisent également en trois groupes distincts : Les vallées littorales, la vallée de Dieppe, Les petites vallées affluentes de la Seine.

 Au final, 9 unités de paysage se distinguent dans le pays de Caux […]

Le Caux maritime

Le Caux maritime correspond au secteur nord du pays de Caux de Dieppe au Havre. Il s’agit d’une bande d’une dizaine de kilomètres de largeur qui s’enfonce dans les terres depuis le bord de mer. Plateau en pente douce débouchant sur la mer, une série d’indices y laissent percevoir la proximité de la Manche. Entre les hautes falaises de craie, des valleuses et des vallées plus ou moins importantes entaillent le plateau et forment les points de contact avec l’univers côtier.

Les vallées littorales

Les fleuves côtiers du pays de Caux constituent des points de contact, entre l’univers littoral et le cœur du pays de Caux. Clairement séparés du plateau, ces reliefs en creux prennent naissance au centre du pays de Caux pour les plus grandes vallées comme celles de la Durdent, de la Saâne, de la Valmont ou de la Scie qui peuvent faire plus de 25 kilomètres de longueur. Les grandes villes maritimes d’Etretat ou de Fécamp sont implantées sur ces sites idéaux au débouché des vallées, entre plateau et façade maritime, face à la Manche.

La vallée de Dieppe

Sur le littoral cauchois, l’agglomération de Dieppe se situe à une soixantaine de kilomètres au nord de Rouen. Entre le pays de Caux et le Petit Caux, Dieppe et sa vallée se situent dans la vallée de l’Arques, à la convergence de trois vallées, l’Eaulne, la Béthune et la Varenne. Dieppe constitue la limite nord du pays de Bray. Entre des falaises hautes d’une centaine de mètres, l’agglomération s’est implantée dans le fond de vallée et plus récemment sur les coteaux et le plateau.

Le Cap d’Ailly

Situé entre les vallées de la Scie au sud-ouest, et de la Saâne au nord-est, l’unité de paysage du Cap d’Ailly correspond aux trois communes de Sainte-Marguerite-sur-Mer, Varengeville-sur-Mer, et Hautot-sur-Mer. Emergeant d’une trentaine de mètres environ au-dessus du plateau du Pays de Caux, le Cap d’Ailly est perçu depuis les territoires qui l’entourent comme un couvert boisé qui coiffe les falaises du littoral.

Le pays de Caux

Le pays de Caux se situe au cœur de la Seine-Maritime. Limité à l’est par les vallées de la Varenne et de l’Andelle et par la vallée de la Seine au sud, il occupe la quasi-totalité du grand plateau calcaire qui prend place au nord de la Seine. A l’approche de la côte, sous l’influence maritime de la Manche, le paysage prend un autre caractère, plus aérien et plus ouvert, que l’on nomme le Caux maritime. Aux abords des grandes villes du Havre et de Rouen, le paysage rural du pays de Caux se transforme sous l’influence des extensions urbaines. Ils font l’objet de deux autres unités de paysage : le Caux au nord du Havre et le Caux autour de Rouen.

La pointe de Caux

 A l’ouest d’une ligne entre la vallée de la Ganzeville au nord et la vallée du Commerce au sud, la pointe de Caux rejoint les bords de la Manche et la vallée de la Seine. Elle est séparée de la côte par une épaisseur d’une petite dizaine de kilomètres correspondant au Caux maritime, la route RD 940 faisant office de limite approximative. Entaillée par les vallées affluentes de la Seine et celles qui se jettent dans la Manche, la pointe de Caux est un plateau creusé par de nombreux petits talwegs. Elle se distingue du pays de Caux par une répartition diffuse des zones habitées dans la plaine agricole.

Le pays de Caux au nord du Havre

Le Caux au nord du Havre constitue le rebord du plateau de Caux urbanisé ou en voie de l’être. Il domine l’estuaire de la Seine et s’arrête au-dessus du coteau qui surplombe la ville basse et le port du Havre. Il est parcouru par un réseau de talwegs et de dépressions qui file vers la vallée de la Lézarde à l’est et vers les falaises naissantes de la côte d’Albâtre à l’ouest. Au nord, ses limites sont beaucoup plus floues. Elles correspondent aux limites des secteurs dans lesquels les pressions urbaines sont les plus fortes, c’est-à-dire les communes d’Octeville-sur-Mer, Fontaine-la-Mallet, Montivilliers et Fontenay.

Les petites vallées affluentes de la Seine

Cette unité de paysage regroupe, au nord de la Seine entre Rouen et Le Havre, une série de sept vallées affluentes de la Seine en provenance du cœur du pays de Caux. Mesurant pour la plupart une vingtaine de kilomètres, elles trouvent leur origine parmi les innombrables talwegs qui découpent le plateau de Caux au sud de la ligne de partage des eaux. Il s’agit des vallées de l’Aubette/Robec, du Cailly, de l’Austreberthe, de la Rançon, de la Sainte-Gertrude, du Commerce et de la Lézarde/Saint-Laurent. Ces vallées abritent pour certaines des villes importantes comme Lillebonne dans la vallée du Commerce ou Barentin dans celle de l’Austreberthe ; d’autres débouchent sur les deux grandes villes de la région, Le Havre et Rouen.

Le pays de Caux autour de Rouen

Le pays de Caux autour de Rouen correspond au plateau sur lequel est situé le nord de l’agglomération rouennaise. Pris entre les vallées du Cailly et du Crevon, il butte au sud sur la vallée de la Seine. La vallée du Robec ainsi que celle de l’Aubette, l’entaillent fortement à l’est au niveau de Darnétal. Dans l’agglomération elle-même, il s’appuie sur la ligne de crête dominant le cœur de la ville. Il englobe à peu de chose près les territoires urbanisés de Mont Saint-Aignan, Bois-Guillaume et Bihorel. Il se distingue du pays de Caux par l’influence urbaine très présente que subit les communes riveraines de Rouen. »

Correspondant à la compiltation des 9 cartes de la DREAL, voici mon tracé (en bleu) sur un fond de carte de : https://fr-fr.topographic-map.com/map-2nk1h/Seine-Maritime/

 

Limites et contours du pays de Caux : en orange le plateau sommital, en blanc correspond les vallées littorale et Seine du pays de Caux, en noir la vallée de Seine d'un côté ; et à l'est la vallée de l'Andelle ; au nord-est la boutonnière de Bray : plateau et vallées ; d'après une carte éditée en noir et blanc, colorisée par mes soins, m’inspirant d’une des cartes éditées dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DU CENTRE-OUEST, NOUVELLE SÉRIE, TOME 20 -1989 1990 :

« Pendant la glaciation du Würm, la Haute Normandie s'est trouvée dans la zone balayée par les vents partant de façon plus ou moins rayonnante d'un anticyclone centré en permanence plus au nord-est. C'est dans ces conditions que les plateaux de la région se sont trouvés recouverts par une couche de loess (limon des plateaux) qui atteint souvent plusieurs mètres. Aujourd'hui complètement décalcifié, ce dépôt constitue un sol légèrement acide, qui, moyennant un amendement calcaire, confère à une grande partie de l'Eure et de la Seine-Maritime une richesse agricole exceptionnelle. »  In :https://www.sbco.fr/pdf/ArtBull/Bull20/SBCO-Bull20-p199-357-CR15eSession_extraordinaire_Haute_Normandie.pdf

 

 

 

 

Le fond de carte d’Armand Frémont [1] dont j’ai colorisé en rouge les contours du pays de Caux, semble suivre les limites semblables à celles dessinées par la DREAL - in : Figure 52. – Le Pays de Caux et ses bordures – Croquis régional d’Armand Frémont

 

[1] L'élevage en Normandie, étude géographique. Volume I, Armand Frémont, Chapitre I. Le pays de Caux, Une association exemplaire des cultures et de l’élevage, p. 419-488

Marc Frémont souligne à ce propos : « Les études sur le Pays de Caux ne manquent pas. Dans l’évocation inspirée des paysages, il convient d’ajouter les descriptions de Flaubert à celles de Maupassant ainsi que les pochades malicieuses des conteurs normands. En outre, depuis le début du siècle, ce quadrilatère de hautes terres qui monte de la Hève (100 m) aux confins du Pays de Bray (210 m) en une pente continue et que termine au nord le mur crayeux des falaises de la Manche, au sud la vallée à grands méandres de la Basse-Seine, semble avoir attiré tous les types d’études savantes. Les meilleures plumes, et notamment celles de Jules Sion, d’Albert Demangeon, de Marc Bloch, de René Musset ont décrit minutieusement le paysage rural dont l’originalité reste néanmoins énigmatique. Grandes cours plantées où se dispersent les bâtiments d’exploitations parallèlement aux côtés du rectangle que ferme le « fossé » (talus) d’enceinte surmontée d’une double rangée d’arbres de haut jet, parcellaire de plaine en « blockflur » aux pièces de forme trapue bien concentrées autour des exploitations, association des fermes en hameaux-nébuleuses de 4 à 10 unités, ce paysage agraire dix fois décrit n’a pas livré le secret de ses origines. D’autres aspects du Pays de Caux ont attiré les chercheurs. En 1909, André Siegfried consacrait une étude au « régime et à la division de la propriété dans le Pays de Caux », révélant l’importance du fermage. Tout récemment, H. Elhaï a minutieusement analysé la propriété foncière des citadins. Aux nombreux travaux dispersés concernant le relief et les sols en tête desquels se placent les études de la Station Agronomique de Rouen, vient s’ajouter l’importante contribution de J.-P. Lautridou qui traite dans une thèse récente des formations superficielles et de la morphologie du Pays de Caux occidental. Enfin, la thèse de Jules Sion écrite en 1908, modèle d’étude régionale, fournit une remarquable synthèse des connaissances historiques et géographiques de l’époque.

Toutes ces études auxquelles on peut ajouter une contribution personnelle concernent surtout l’infrastructure physique, les structures foncières et les superstructures de paysage et d’habitat de l’économie cauchoise. Elles n’épuisent pas ces sujets, mais elles fournissent cependant une base de connaissances assez précises et assez connues pour dispenser d’en reprendre longuement ici l’analyse. Tous ces aspects ne seront donc évoqués que très brièvement afin de mieux concentrer l’attention sur ce qui a été le moins étudié, sauf par Sion en son temps, et qui cependant est essentiel : l’économie agricole elle-même, le remarquable équilibre et l’efficacité de l’association culture-élevage. »

 

 

 

De l’extrait de la Fig. 1. — Forêts en Normandie au Nord de la Seine et aux abords de la Seine, au Moyen Age (René Musset) in https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1961_num_31_1_7199

 

Etant reparti du moyen-âge qui a contribué à redessiner le pays de Caux, suite à des invasions vikings mais aussi grâce à des défrichements, qui ont permis de voir apparaitre des habitations (masure) et des hameaux s’agrégeant en paroisse (village), les études de René Musset mettent en évidence les zones de défrichements qui se sont opérées autour du plateau sommital du pays de Caux, de la pointe de Caux jusqu’à l’Andelle.

René Musset [1] rapporte ce que sont aujourd’hui les limites du pays de Caux : « On applique aujourd'hui communément le nom de Caux, non au territoire qui fut celui des Caletes, mais à toute la partie de la Normandie au N. de la Seine et à l'W. de l'Andelle, moins le Pays de Bray : on saisit l'influence de la division départementale (la Seine- Maritime se limite pratiquement à l'Andelle inférieure), mais l'influence aussi de traditions plus anciennes. La pression de l'enseignement primaire et des ouvrages publiés fait qu'aujourd'hui les gens du pays eux-mêmes tendent à admettre un Caux au sens large, mais avec des résistances quelquefois : les habitants du N.-E. de la Seine-Maritime ne se disent pas cauchois. Ce dernier coin de terre, de fait, est original : il est une transition vers la Picardie, à laquelle il ressemble par deux traits, la présence de longs cours d'eau parallèles, le langage qui fait passage du parler normand au parler picard. On a pris l'habitude d'appeler ce coin de terre le Petit Caux : cette appellation n'a rien de populaire et est une invention des doctes (au haut Moyen Age ce fut le pagus Tella- vus, le Tallou, nom oublié, qui fut usité seulement du vne au xie siècle). »

Ceci étant souligné il focalise sur les zones forestières qui ont subi des défrichements. Force est de remarquer que ces forêts et zones défrichées successivement ceinturent les limites qu’il définit du pays de Caux, du Havre à l’Andelle et de Rouen à Dieppe. D’après Musset, d’autre part le plateau non colorisé n’a que peu subit de défrichements peut-on en déduire !

Voici la carte sur lequel il positionne ces défrichements successifs : en vert j’ai colorisé les forêts actuelles dont : 1 - Les principales sont désignées sur la carte par un numéro. Rive droite : 9, Forêt Verte ; 10, de Roumare ; 11 de Jumièges ; 12, du Trait ; 13, de Maulévrier ; en orange j’ai colorisé les forêts défrichées depuis le moyen âge : 2- Zones forestières au moyen âge, défrichées depuis.

 

[1] Le nom et l'ancienne ceinture forestière du Pays de Caux ; les villages des défrichements médiévaux

 René Musset Norois  Année 1961  31  pp. 321-327 in : https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1961_num_31_1_7199

 

Situons donc Yvetot et sa principauté dans ce que l'on appelle, selon la D.R.E.A.L., le pays de Caux (central) 

"Le pays de Caux se situe au cœur de la Seine-Maritime. Limité à l’est par les vallées de la Varenne et de l’Andelle et par la vallée de la Seine au sud, il occupe la quasi-totalité du grand plateau calcaire qui prend place au nord de la Seine. A l’approche de la côte, sous l’influence maritime de la Manche, le paysage prend un autre caractère, plus aérien et plus ouvert, que l’on nomme le Caux maritime. Aux abords des grandes villes du Havre et de Rouen, le paysage rural du pays de Caux se transforme sous l’influence des extensions urbaines."

Si l’on considère le paysage cauchois d’Yvetot au temps du royaume et plus encore au temps de la principauté comme le décrit l’Atlas Trudaine, on découvre un assemblage de closages[18], de masures cauchoises,ue l’on nomme aujourd’hui cours-masures ou clos-masures qui constituaient avec les vergers et les bois de garenne la richesse du patrimoine végétal d’Yvetot. Cette architecture paysagère dépeinte par Trudaine montre bien déjà la sur densification constatée dans le bourg dont les maisons en pan de bois couvertes de chaume furent par deux fois la proie des flammes au 17e siècle.  Ce paysage rural à la ville s’est vu démanteler progressivement et finir à l’état de ruine.  A Yvetot en 2021, il ne reste que trois cours-masures relativement bien conservées.

« […] mais ici dans la plaine, dans cet espace de labours, les fermes se ramassent en villages, s’entourent de fossés d’un bon mètre de haut et les plantent d’arbres de haut jet, hêtres, chênes, ormes, frênes, qui protègent du vent les pommiers des cours, et des regards des horzains les maisons. Mieux vaut être dedans que déhors. »[19]

J’ai vu dans la cour-masure un véritable « théâtre de verdure » telle une forteresse végétalisée aux murailles imposantes. La cour-masure brise la monotonie de la morne plaine et l’horizon par ces îlots de verdure. Vu du ciel comme je le vis à plusieurs reprises on aperçoit la mosaïque du paysage du pays de Caux alternant plaine, bois, cour-masure, village.

cour-masure entouré d'un talus fossé de frênes ce qui est peu commun en pays de Caux

 

cour masure avec sur le talus fossé une replantation de jeunes arbres comme l'a fait Patrick Monville à la Hêtrée de Thérouldeville

cour masure traditionnel entouré  de part et part par la "plaine"

« Deux, trois, cinq kilomètres de plaine séparent ces îles qui semblent de loin de petites forêts, de petits bois. […] La plaine était autrefois entièrement labourée, ou peu s’en fallait. Seuls le fond des vallées, les cotages, et les cours des fermes étaient en herbe »[20]

Vu de l’extérieur la masure cauchoise est le royaume du plein et du vide. Elle apparait comme un plein rempli de vide dans lequel s’abritent le plus souvent un corps de ferme et ses bâtiments disséminés. Les arbres à haute tige sont considérés comme des brise-vents. Autour des manoirs et des châteaux il arrive que ces bordées d’arbre soient plantées en simple ou en double rideau.

« Les fermes normandes semées par la plaine semblent, de loin, de petits bois, enfermées dans leur ceinture de hêtres élancés. De près, quand on ouvre la barrière vermoulue, on croit voir un jardin géant, car tous les antiques pommiers, osseux comme les paysans, sont en fleurs. Les vieux troncs noirs, crochus, tortus, alignés par la cour, étalent sous le ciel leurs dômes éclatants, blancs et roses. Le doux parfum de leur épanouissement se mêle aux grasses senteurs des étables ouvertes et aux vapeurs du fumier qui fermente, couvert de poules. »

(« Le père Milon « - Le Gaulois, 22 mai 1883)[21]

Focalisant sur Yvetot, je me suis aperçu qu’au fil du temps la principauté a agrégé ces masures pour les assembler et construire un paysage singulier que décrira l’Atlas Trudaine : une ville à la campagne, une « ville-cours-masures ». Mais la plupart de ces structures ont disparu, une à une depuis le début du 19e siècle. Toutefois, il nous reste l’impression d’une ville à la campagne.

Intrigué par le terme « Clos Masure », qui s’est imposé depuis les années 70 pour décrire cette figure paysagère et agricole du pays de Caux, alors que les écrits plus anciens mentionnent les termes « Masure et cour masure », j’ai contacté Louis Lecomte qui m’en a expliqué l’origine.

La locution « clos-masure » est née à Yvetot si l'on peut dire rue du Verger conduisant  au chateau de Masseilles autrement nommé de David Marescot : Louis Lecomte[22]  nous explique que cette locution a été employée dans le titre du diplôme soutenu par Bertrand Warnier et Yolande Garofalo en octobre 1967 à l'École des beaux-arts de Paris pour l’obtention du titre d'architecte DPLG : "Le clos-masure du Verger"[23].

Clos-masures du pays de Caux[24] c‘est aussi le titre qui a été repris dans la plaquette publiée en 1970 par le Conseil Général de la Seine-Maritime. Cette locution s'est peu à peu imposée pour désigner la cour masure cauchoise dans son organisation spécifique.

« C’est au cours de la préparation de ce diplôme que le mot « clos-masure » est né spontanément sous la plume de Yolande Garofalo. Les titres successifs en témoignent : au fil des ébauches, la résidence s’appelle tantôt « Clos du Verger », tantôt « Manoir du Verger », jusqu’à ce qu’apparaisse l’intitulé sous lequel le projet sera finalement défendu devant le jury de l’Ecole des beaux-arts de Paris en octobre 1967 : « Clos-masure du Verger » ». [25]

Leur travail d’analyse et de découverte du Pays de Caux nous a permis de prendre conscience, nous les cauchois, du potentiel que présente le Clos Masure et de ses qualités paysagères à préserver.

Grâce au département de la Seine-Maritime, un intérêt s’est opéré pour les inventorier, les préserver, les réhabiliter, les restaurer avant qu’il ne soit trop tard.

Bertrand Warnier reste convaincu que le pays de Caux et ses « clos-masures » ont un rôle à jouer dans le contexte du changement climatique et qu’ils comportent avant l’heure une réponse appropriée comme patrimoine construit au fil des siècles.

« Pour les parisiens qui le traversent par les nationales, le pays de Caux est plat et sans mystères. Ce voyageur ignore les vallées profondes que chaque ruisseau a creusées dans le plateau calcaire. »[26]

Enfin, après avoir défini les limites du pays de Caux dont Yvetot est devenue la capitale, il est possible de mieux la situer dans la Normandie.

Equidistante de Dieppe, Le Havre et La Métropole Rouen Normandie, Yvetot est traversée par plusieurs voies de grande importance qui au fil des siècles ont été voie romaine, puis voie royale, complétée par une voie ferrée[27] et enfin par une voie autoroutière.

Ces voies ont contribué à découper et morceler son paysage agraire.

Dans le schéma des infrastructures de la nouvelle Normandie, l’importance de ces réseaux fait que la cité est reliée à Paris, Rouen le Havre et la Normandie du sud par les autoroutes d’Alençon et des « estuaires » pour rejoindre Caen et la région voisine bretonne et au nord à l’autre voisine des Hauts de France.

Selon la DREAL, la superficie du pays de Caux apparait comme la plus vaste et les paysages les plus variés.

Délimitation du pays de Caux, vue par la DREAL :

La Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Normandie est un service déconcentré de l'État français.

Le pays de Caux

"Le Pays de Caux est globalement composé d’un immense plateau vallonné, entaillé de vallées et situé entre la Manche et la vallée de la Seine. L’habitat caractéristique est celui des clos-masures, isolés ou regroupés en villages et en bourgs. Le plateau se divise lui-même en six parties. Les critères de différenciation des paysages s’appuient sur la proximité de la mer et l’organisation de l’habitat : Le Caux maritime forme le premier ensemble. Le long de la côte de la Manche, sur une largeur de 10 km environ, l’influence maritime se perçoit avec ses vents permanents et un habitat plus rare, privilégiant les replis des petites vallées.

Le Cap d’Ailly se singularise nettement du Caux maritime par la présence d’une végétation acidophile, atypique en Haute-Normandie associée à un habitat balnéaire de grande qualité.

Le pays de Caux autour d’Yvetot et de Doudeville, et dont la limite orientale s’appuie sur les vallées de la Varenne et de l’Andelle, se caractérise par la présence de grands clos-masures regroupés en hameaux et villages.

La pointe de Caux, limitée par la vallée de Bolbec, compte peu de villages mais un habitat dispersé et isolé, de grandes ou petites fermes.

Le Caux au nord du Havre, dominant l’estuaire, accueille une grande partie de l’agglomération du Havre. C’est un territoire de grande dynamique urbaine.

Le Caux autour de Rouen, qui ceinture et englobe une partie de la ville de Rouen, voit ses villages se transformer avec de nombreuses extensions d’habitat et d’activités sous l’influence urbaine de l’agglomération.

Les vallées s’organisent également en trois groupes distincts :

  • Les vallées littorales : sur sa façade littorale, le plateau de Caux est entaillé par de petits fleuves côtiers et des valleuses ; ces courtes entailles qui débouchent sur la mer, offre des paysages tout à fait singuliers dans l’environnement extrêmement dégagé du plateau et de la mer. On y découvre les sites les plus fréquentés de la Haute-Normandie.
  • La vallée de Dieppe : sur l’ensemble de ces embouchures maritimes, elle occupe une position particulière avec son urbanisation qui s’étend dans toute la vallée et sur les plateaux limitrophes
  • Les petites vallées affluentes de la Seine : sur la façade fluviale que dessine la Seine, le pays de Caux est entaillé par de petites vallées, qui composent des espaces intimes et verdoyants, dans lesquels les villes de Rouen, Duclair,

Caudebec-en-Caux ou Lillebonne se sont nichées. On retrouve pour chacune d’elles, à peu près les mêmes caractéristiques paysagères.

Au final, 9 unités de paysage se distinguent dans le pays de Caux []

Le Caux maritime

Le Caux maritime correspond au secteur nord du pays de Caux de Dieppe au Havre. Il s’agit d’une bande d’une dizaine de kilomètres de largeur qui s’enfonce dans les terres depuis le bord de mer. Plateau en pente douce débouchant sur la mer, une série d’indices y laissent percevoir la proximité de la Manche. Entre les hautes falaises de craie, des valleuses et des vallées plus ou moins importantes entaillent le plateau et forment les points de contact avec l’univers côtier.

Les vallées littorales

Les fleuves côtiers du pays de Caux constituent des points de contact, entre l’univers littoral et le cœur du pays de Caux. Clairement séparés du plateau, ces reliefs en creux prennent naissance au centre du pays de Caux pour les plus grandes vallées comme celles de la Durdent, de la Saâne, de la Valmont ou de la Scie qui peuvent faire plus de 25 kilomètres de longueur. Les grandes villes maritimes d’Etretat ou de Fécamp sont implantées sur ces sites idéaux au débouché des vallées, entre plateau et façade maritime, face à la Manche.

La vallée de Dieppe

Sur le littoral cauchois, l’agglomération de Dieppe se situe à une soixantaine de kilomètres au nord de Rouen. Entre le pays de Caux et le Petit Caux, Dieppe et sa vallée se situent dans la vallée de l’Arques, à la convergence de trois vallées, l’Eaulne, la Béthune et la Varenne. Dieppe constitue la limite nord du pays de Bray. Entre des falaises hautes d’une centaine de mètres, l’agglomération s’est implantée dans le fond de vallée et plus récemment sur les coteaux et le plateau.

Le Cap d’Ailly

Situé entre les vallées de la Scie au sud-ouest, et de la Saâne au nord-est, l’unité de paysage du Cap d’Ailly correspond aux trois communes de Sainte-Marguerite-sur-Mer, Varengeville-sur-Mer, et Hautot-sur-Mer. Emergeant d’une trentaine de mètres environ au-dessus du plateau du Pays de Caux, le Cap d’Ailly est perçu depuis les territoires qui l’entourent comme un couvert boisé qui coiffe les falaises du littoral.

 

Le pays de Caux

Le pays de Caux se situe au cœur de la Seine-Maritime. Limité à l’est par les vallées de la Varenne et de l’Andelle et par la vallée de la Seine au sud, il occupe la quasi-totalité du grand plateau calcaire qui prend place au nord de la Seine. A l’approche de la côte, sous l’influence maritime de la Manche, le paysage prend un autre caractère, plus aérien et plus ouvert, que l’on nomme le Caux maritime. Aux abords des grandes villes du Havre et de Rouen, le paysage rural du pays de Caux se transforme sous l’influence des extensions urbaines. Ils font l’objet de deux autres unités de paysage : le Caux au nord du Havre et le Caux autour de Rouen.

La pointe de Caux

 A l’ouest d’une ligne entre la vallée de la Ganzeville au nord et la vallée du Commerce au sud, la pointe de Caux rejoint les bords de la Manche et la vallée de la Seine. Elle est séparée de la côte par une épaisseur d’une petite dizaine de kilomètres correspondant au Caux maritime, la route RD 940 faisant office de limite approximative. Entaillée par les vallées affluentes de la Seine et celles qui se jettent dans la Manche, la pointe de Caux est un plateau creusé par de nombreux petits talwegs. Elle se distingue du pays de Caux par une répartition diffuse des zones habitées dans la plaine agricole.

Le pays de Caux au nord du Havre

Le Caux au nord du Havre constitue le rebord du plateau de Caux urbanisé ou en voie de l’être. Il domine l’estuaire de la Seine et s’arrête au-dessus du coteau qui surplombe la ville basse et le port du Havre. Il est parcouru par un réseau de talwegs et de dépressions qui file vers la vallée de la Lézarde à l’est et vers les falaises naissantes de la côte d’Albâtre à l’ouest. Au nord, ses limites sont beaucoup plus floues. Elles correspondent aux limites des secteurs dans lesquels les pressions urbaines sont les plus fortes, c’est-à-dire les communes d’Octeville-sur-Mer, Fontaine-la-Mallet, Montivilliers et Fontenay.

Les petites vallées affluentes de la Seine

Cette unité de paysage regroupe, au nord de la Seine entre Rouen et Le Havre, une série de sept vallées affluentes de la Seine en provenance du cœur du pays de Caux. Mesurant pour la plupart une vingtaine de kilomètres, elles trouvent leur origine parmi les innombrables talwegs qui découpent le plateau de Caux au sud de la ligne de partage des eaux. Il s’agit des vallées de l’Aubette/Robec, du Cailly, de l’Autreberthe, de la Rançon, de la Sainte-Gertrude, du Commerce et de la Lézarde/Saint-Laurent. Ces vallées abritent pour certaines des villes importantes comme Lillebonne dans la vallée du Commerce ou Barentin dans celle de l’Austreberthe ; d’autres débouchent sur les deux grandes villes de la région, Le Havre et Rouen.

Le pays de Caux autour de Rouen

 

Le pays de Caux autour de Rouen correspond au plateau sur lequel est situé le nord de l’agglomération rouennaise. Pris entre les vallées du Cailly et du Crevon, il butte au sud sur la vallée de la Seine. La vallée du Robec ainsi que celle de l’Aubette, l’entaillent fortement à l’est au niveau de Darnétal. Dans l’agglomération elle-même, il s’appuie sur la ligne de crête dominant le cœur de la ville. Il englobe à peu de chose près les territoires urbanisés de Mont Saint-Aignan, Bois-Guillaume et Bihorel. Il se distingue du pays de Caux par l’influence urbaine très présente que subit les communes riveraines de Rouen."

In : Le pays de Caux | DREAL Normandie, DREAL Normandie, https://www.normandie.developpement-durable.gouv.fr › ...

 

[1] Anne Cauquelin, Petit Traité du jardin ordinaire, Manuels Payot, Editions Payot & Rivages, Paris, 2003, p.86.

[2] "extrait d'Yvetot, Collection "Au fil des patrimoines", Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, 2013".

[3] Gérard Pouchain, auteur, Agrégé de l’Université, docteur ès Lettres, historien, spécialiste de Victor Hugo et biographe de Juliette Drouet.

[4] Bernadin de Saint-Pierre a rencontré Jean-Jacques Rousseau en 1772. In : Bernardin de Saint-Pierre, Voyage de Normandie, 1775, texte établi, présenté et annoté par Gérard Pouchain, P.U.R.H., 2015, p.25.

[5] Bernardin de Saint-Pierre, est l’un des premiers voyageurs à pied qui nous a fait découvrir la Normandie de la fin du 18e siècle, contemporain et ami de Rousseau lui aussi traversant à pied les contrées française et suisse. Bernardin havrais d’origine, s’intéressa à la nature, à l’estran.  Il inspirera plus tard les périples en diligence et en train ou en bateau qu’entreprirent Hugo, Flaubert, Stendhal, Mallot et Maupassant pour leurs périples en Normandie deux siècles après le périple de Mme de Sévigné narrant son voyage à sa fille de Pont-Audemer le lundi 2 mai 1689 :  "Il y a onze lieues de Rouen à Pont-Audemer ; nous y sommes venus coucher. ... j'ai vu toutes les beautés et les tours de cette belle Seine pendant quatre ou cinq lieues ...".

[6] (Etudes de la nature, Etude septième, dans Œuvres complètes, op.cit.)

[7] Voir en annexe illustrée en fin de chapitre.

[8] (Source : catalogue Patrimoine Numérique, Ministère de la Culture).

[9] http://www2.culture.gouv.fr/documentation/archim/atlasdetrudaine.htm (Source : Archives nationales, base Archim) et vidéo de présentation à cette adresse : https://www.youtube.com/watch?v=2HensexWYgQ&list=PL2RU1ajZ4MEss7K-xKVfRrsMVepyAkoxd&feature=share&index=2

[11] In : Patrick Lebourgeois, Le pays de Caux, vie et patrimoine, 3e édition augmentée, Editions des Falaises, 2015, p.35.

[12] In : Patrick Lebourgeois, Le pays de Caux, vie et patrimoine, 3e édition augmentée, Editions des Falaises, 2015, p.75.

[13] En 1978 M. Alain Roquelet est Conservateur aux Archives de la Seine-Maritime

[14] En 1978, M. Daniel Fauvel étais Professeur du service éducatifs des Archives de la Seine-Maritime. Il est Docteur en histoire. - Professeur agrégé à la retraite, aujourd’hui membre de l’association des amis de Flaubert et de Maupassant.

[15] Sion (J.). - Les paysans de la Normandie orientale. – Paris, libr. A. Colin, 1909.

[16] Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècles (1750-1900) Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p.XI.

[17] Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècles (1750-1900) Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p.XI et XVII.

[18] En Normandie, petit verger entouré de haies, avec ou sans habitationH. MoisyNoms de famille normands, p. 100.

[19] Pascal Bouchard, Didier Le Scour, Pays de Caux, Des mots et des gens, Editions Garnier Frères, 1981, p.56.

[20] Pascal Bouchard, Didier Le Scour, Pays de Caux, Des mots et des gens, Editions Garnier Frères, 1981, p.56.

[22] Louis Lecomte est auteur de ce lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Clos-masure

[23] "Le mot clos-masure dévoilé" in Le Courrier cauchois, 8 mars 2019, p. 76. In : https://fr.wikipedia.org/wiki/Clos-masure

[24] Y. Garofalo et B. Warnier, architectes D.P.L.G., Clos-masures du pays de Caux, Mission d'études de la Basse-Seine, s.d. [1970] In : https://fr.wikipedia.org/wiki/Clos-masure

[25] L’invention de « clos-masure »,Ou comment la cour cauchoise a (enfin !) trouvé son nom par Louis LECOMTE. In : https://f4.quomodo.com/AE14B79D/uploads/275/Invention clos-masure Article Louis Lecomte.pdf

[26] Pascal Bouchard, Didier Le Scour, Pays de Caux, Des mots et des gens, Editions Garnier Frères, 1981, p.12.

[27] Ce n’est finalement qu’en 1847 qu’Yvetot accueille son premier train, arrêt systématique sur cette ligne.

 

 

1702 ; Cassini ; Yvetot ; château ;
1702, le château, le verger, la motte seigneuriale de la principauté d'Yvetot

Une des vues iconographiques d’Yvetot.

Le château et de l’église au sommet duquel Cassini fit des observations astronomiques.

Jugée trop petite et menaçant ruines, elle fut reconstruite par Camille III[1]

 

 

Verger au temps de Flaubert

Costumes du pays d'Auge (la jeune femme jetant du grain)  et du pays de  Caux ;  la Fileuse du "Relai du Roy", les trois coiffes dites "Sabot" du Pays de Caux, région d'Yvetot

cous-masure ; Yvetot ; Réfigny ; Pascal Levaillant
Avant que les hêtres ne disparaissent © Pascal Levaillant 2021

un des plus anciens chemin ou sente d'Yvetot à l'arrière du quartier du Réfigny, un des endroits d'Yvetot connu  et habité du temps de la Gaule romaine par Ruffinius. 

 

ici un vallon désormais urbanisé qui mène rue d'Arques, descendant aux fonds d'Yvetot menant à Touffreville-la-Corbeline et le Bois de Salle - Butte d'Henri IV.

cour ; masure ; Yvetot ; Mare Bridelle ;
masure et verger © Pascal Levaillant 2021

à Yvetot, la végétation se cache souvent derrière des anciens jardins  et vergers clos de murs en brique et silex comme ici rue Mare Bridelle où après la seconde guerre mondiale  plusieurs parcelles avaient été mises à disposition des yvetotais.

Quelque part entre la rue Jean François et la Sente des Courses

Yvetot a la chance d'être représenté sur l'Atlas  de Trudaine. Il est plus facile de se représenter une majeure partie de la principauté au 18e siècle depuis les fonds d'Auzebosc et de Touffreville-la-Corbeline à Loumare à la sortie de Sainte-Marie-des Champs. L'ensemble des parcelles en labour et en herbage ont été depuis deux siècles remplacés par des centres commerciaux, des lotissements, l'autoroute de l'Estuaire, la voie ferrée et la rocade, en périphérie. En son cœur, ce sont les usines et les fabriques qui ont occupé le terrain suivis des établissements scolaires, des zones artisanales et industrielles, des lotissements, des rues, des équipements culturels, médico-sociaux ...

Sur cet Atlas Trudaine, le Pays de Caux est dessiné avec son relief  dont les vaux vont à la Seine. Le coeur d'Yvetot est juché sur son promontoire naturel enclavé entre deux des terminaisons des vaux du Val au Cesne. On perçoit le mail - l'avenue royale - longue de près d'un kilomètre entre le château et là où se trouve l'ancien Gardet de Bezenac.

Atlas des routes de France dits atlas de Trudaine : Généralité de Rouen : de Barentin à Croixmare.

Auteurs : Trudaine, Daniel-Charles (1703-1769) Cote ENSA : CARTO : CD 36

Cette vue de l'Atlas Trudaine de Croixmare montre le paysage agraire cauchois sur lequel  où s'expriment les labours et les champs ponctués par le village de Croixmare et ses hameaux alentours. Au nord de cet extrait on peut apercevoir en, légère diagonale, l'ancien chemin d'Yvetot à Rouen  passant au centre de l'actuel village. La future voie royale apparait sur l'Atlas. Depuis la Révolution elle devenue la RN 13bis puis la RN15 avant d'être convertie en Route Départementale 6015. 

Le plateau est légèrement ondulé jusqu'au niveau de la faille qui plonge le plateau vers Bouville.

Atlas des routes de France dits atlas Trudaine : Généralité de Rouen : de Lanquetot à Saint-Romain-de-Colbosc,
Auteurs : Trudaine, Daniel-Charles (1703-1769) Cote ENSA / CARTO CD 38

La diversité des paysages s'exprime pleinement sur cet extrait de l'Atlas section de Bolbec d'après lequel il est possible d'observer le relief du plateau entaillé par le Bec, affluent de la Seine et ses vallons secs.

L'altitude de Bolbec est compris entre 29 mètres et 142 mètres.

 

A.D.S.M. Carte du Pays de Caux, 1632, 12 Fi 599

1632, Yvetot ;  S.Cler ;  le mont de lif ; Les vents ...

Une représentation ancienne du Pays de Caux en 1632

Yvetot  au 18e siècle, plan de Cassini.

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/

 

Ci-dessous, un coteau du fond d'un vallon sec entre Saint-Clair-sur-les-Monts et Yvetot

coteau ; pays de Caux ; patrimoine végétal ; Yvetot
coteau de Saint-Clair-sur-les-Monts © Pascal Levaillant 2021

Un fond de vallon au Val au Cesne au début du 20e siècle

Un fond de vallon au bas de la Côte de Touffreville (Fort-Rouge) 

Yvetot et son activité agricole sur le plateau jadis au début du 20e siècle

Scènes du Pays de Caux au levant levant

brumes ; Mont Asselin ; Pays de Caux ; Yvetot
brumes matinales sur le Mont Asselin © Pascal Levaillant 2021

 

Les fonds d'Yvetot entre Auzebosc, Touffreville-la-Corbeline au début du 20e siècle

Un déficit de la ressource en eau jusqu'au début du 20e siècle :  Yvetot et une de ses mares (celle de l'étang)

et ci-dessous le recours aux citernes 

 


 

une des citernes de la Sente des Courses

La citerne du manoir de la Buissonnière

Almanach 1922 - Archives de la Médiathèque Guy-de-Maupassant de la C.C.Y.N. publicité, page Yvetot

 

Le pays de Caux peint par Jacques Trotté, peintre post impressionniste

il vit et peint à Sainte-Marie-des-Champs

 

Le pays de Caux peint par Yves De Saint Jean, peintre

Aquarelle Yves De Saint Jean[1]

 

 

Catalogue de l’exposition L’univers du paysan cauchois aux XVIIIe et XIXe siècle  [2]

ADSM - Archives de la Région de Haute Normandie et du Département de la Seine-Maritime, p. XII et XII.

 

Hêtre ; cour masure ; Pascal Levaillant
Hêtres du Verger en pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

Le Verger, commune d'Yvetot, Lieu-dit, masure close et édifiée, plantée.

« Forteresse de verdure, élément du patrimoine architectural et paysager du pays cauchois, cet enclos, qui peut atteindre plusieurs hectares, est sans équivalent dans le monde : le clos-masure appelé aussi "cour-masure" ».[3]

 

 

Illustration : Le Scour, in : Pascal Bouchard, Didier Le Scour, Pays de Caux, Des mots et des gens, Editions Garnier Frères, 1981, p.168.

« On accède à la « masure » par un chemin toujours situé à bonne distance de la barrière d’entrée, histoire de se donner le temps de voir venir le visiteur… »[3] Abbé Bernard Alexandre

 

La cour plantée, lieu emblématique de la masure cauchoise

Illustration : Le Scour, in : Pascal Bouchard, Didier Le Scour, Pays de Caux, Des mots et des gens, Editions Garnier Frères, 1981, p.48.

« La ferme est vaste, un vieux bâtiment dans une cour à pommiers, entourée de quatre rangs de hêtres qui bataillent toute l’année contre le vent de mer. »

(Les bécasses » - Gil Blas, 20 octobre 1885) »[4]

 
 
cour masure ; neige ; pays de Caux ; Pascal  Levaillant
cour-masure sous la neige © Pascal Levaillant 2021
cour masure ; neige ; pays de Caux ; Pascal  Levaillant
cour-masure vers Pavilly en pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

 

neige ; cour masure ; environ Yvetot ; Pascal  Levaillant
neige et cour-masure en pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

L’hiver « Les fermes isolées dans leurs cours carrées, derrière leurs rideaux de grands arbres poudrés de frimas, semblaient endormies en leur chemise blanche. Ni hommes ni bêtes ne sortaient plus ; seules les cheminées des chaumières révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient droit dans l’air glacial »

(« Une Vie » - 1883)[5]

ciulture ; cour masure ; pays de Caux ; Pascal  Levaillant
culture et cour-masure © Pascal Levaillant 2021
lin ; cour masure ; Pascal  Levaillant
champ de lin en pays de Caux © Pascal Levaillant 2021
Colza, cour masure , pays de Caux ; Pascal  Levaillant
champ de colza en pays de Caux © Pascal Levaillant 2021
 
 
prairie ; cour-masure, pays de Caux ; Pascal  Levaillant
prairie et cour masure © Pascal Levaillant 2021

« La cour immense, entourée de cinq rangs d’arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d’habitation en brique rouge, qui ressemblait à un petit château. »

(« Coco » - Le Gaulois, 21 janvier 1884)[6]

 

[1] In : Yves De Saint Jean, Haute Normandie, Balades en Pays de Caux, Editions Vinarelle, 2005, p.41

[2] in : http://www.archivesdepartementales76.net/pdf/publications_en_vente.pdf

[3] In : Yves De Saint Jean, Haute Normandie, Balades en Pays de Caux, Editions Vinarelle, 2005, texte p.38.

[3]In : Yves De Saint Jean, Haute Normandie, Balades en Pays de Caux, Editions Vinarelle, 2005, aquarelle,  p.39.

[4] Gérard Pouchain, Promenades en Normandie avec un guide nommé Guy de Maupassant, préface de Catherine Tolstoï-Lanoux, Editions Charles Corlet, 1993, p. 186.

[5] Gérard Pouchain, Promenades en Normandie avec un guide nommé Guy de Maupassant, préface de Catherine Tolstoï-Lanoux, Editions Charles Corlet, 1993, p. 179.

[6] Gérard Pouchain, Promenades en Normandie avec un guide nommé Guy de Maupassant, préface de Catherine Tolstoï-Lanoux, Editions Charles Corlet, 1993, p. 187.

hêtre ; cour masure ; lin
hêtraie et cour-masure © Pascal Levaillant 2021
lin ; pays de Caux ; cour masure
lin dans le pays de Caux © Pascal Levaillant 2021
automne ; pays de Caux , cour masure
couleur automnale pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

" Le pays de Caux n'est pas un plateau ...Il est bosselé, à rainures profondes … avec vallons et vallées… Ce pays est un parc magnifique, ouvert sur de grands espaces d'herbe et de labours ... Au sud, le parc s'incline et touche aux rives du fleuve ; à l'ouest, il s'arrête aux falaises […]. »  J. le Povremoyne[1]

 Y. Garofalo et B. Warnier, architectes D.P.L.G., Clos-masures du pays de Caux, Mission d'études de la Basse-Seine, s.d. [1970]

Une vision futuriste inventée à la fin des années 1960

Croquis - Un des tout premiers croquis de Yolande Garofalo en vue de son diplôme d’architecte : implantation d’un « hôtel pour résidents permanents », ou rest-house, en contrebas du château de Marseille, de son parc et de sa ferme, figurés en haut à gauche du dessin (©Garofalo/Warnier).

avec l'aimable autorisation de Bertrand Warnier et Yolande Garofalo © 31 janvier 2021

in : L'invention de « clos-masure - Quomodo.

Cet ouvrage a pour auteurs deux architectes parisiens, Yolande Garofalo et Bertrand Warnier, qui furent incontestablement les premiers à utiliser. « clos-masure ...

 

brumes ; pays de Caux
brumes dans le pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

paysages du Pays de Caux, près d'Yvetot

Allouville-Bellefosse ; Pays de Caux  ;
Allouville-Bellefosse, Pays de Caux © Pascal Levaillant 2021
Réfigny ; Yvetot ; pays de Caux
Yvetot Réfigny, Pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

Ci-dessus une des dernières cours masures avant que cet alignement ne tombe récemment.

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Ci-dessous à gauche, hêtraie à Yvetot, quartier du Fay, avant l'édification du futur lotissement, Etalleville près de Doudeville au centre, à droite la hêtraie de la Hétrée à Thérouldeville

pays de Caux ; hêtre ;
Hêtraies du pays de Caux © Pascal Levaillant 2021

[1] In : Yves De Saint Jean, Haute Normandie, Balades en Pays de Caux, Editions Vinarelle, 2005, p.12.

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